Interrogations - anno V - n. 16 - ottobre 1978

DOSSIER CNT trouvailles des grand-pères et des petits-fils, la fête, le soleil, mais aussi les slogans, les discours grandiloquents, les certitudes et les mythes. Un condensé des grandeurs et des misères du mouvement ... Et puis vint le meeting de Valence (19), en mai de la même année: un « remake » un plus traditionnel, un peu moins ludique, mais une confirmation en tout cas de la capacité de mobilisation de la CNT... Puis, en juillet, tous les espoirs furent comblés. A Montjuich (Barcelone), d'abord, lors du grand meeting (environ 150.000 personnes). Lors de cette Semaine libertaire, ensuite, tant vantée, tant décriée, si contradictoire. Dans cette Barcelone, chère au coeur des libertaires du monde entier, dans cette Catalogne légendaire et « orwellienne » se rendirent en pélerinage les libertaires de tous les coins d'Europe pour voir de leurs propes yeux l'accouchement d'une éspérance. Un « mai 68 » bien à eux! Un mélange détonnant. Une apogée. Et, là encore, l'indiscutable confirmation d'une force. Du moins le pensèrent-ils ... (20). Il faut, cependant, faire la part des choses et reconnaître que les grandes mobilisations de l'année 77 eurent une double signification. Symboliquement, elles avaient une valeur sécurisante. La CNT n'était pas encore une organisation de masse, mais elle cessait, lors de ces démonstrations publiques, d'appatenir compte de cette volonté manifestée par l'un des deux secteurs et n'accepta pas l'affiliation directe. Il préféra « laisser faire le temps », incapable qu'il était de procéder à une profonde remise en cause de cette CNT en exil, enfermée dans une dialectique de l'exlusion, inerte mais vigilantes des tables de Loi, jalouse de sa pauvre « représentativité ». Le Comité national ne trouva rien de mieux à faire que de légitimer cet anachronisme vivant que représentait, dès lors, cette machine enrayée. Il fallait avoir la vue bien courte. Il l'eut. Les erreurs se payent, parfois lourdement ... (19) Pour mémoire, il est bor,: de rappeler qu'entre le meeting de Madrid et celui de Valence, la CNT obtint sa légalisation. (20) Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'organisation de le semaine libertaire de Barcelone n'a pas été prise en charge par la totalité des syndicats de la CNT. Ceux-ci, au contraire, n'ont participé que très modérément - et parfois pas du tout - à la préparation du grand rassemblement de l'été 77. L'initiative de cette fête, il est vrai, était venue de Ajoblanco, revue contre-culturelle d'expression libertaire, et non de la CNT. Appuyée par le Comité régional alors en fonction (appui qui, par la suite, occasionna de nombreuses polémiques, le CR n'ayant pas demandé l'avis de la base), l'initiative de Ajoblanco ne provoqua pas l'enthousiasme de l'ensemble des militants cénétistes, sovent plus sensibilisés à la lutte de classes qu'au « quotidianisme » de la contre-culture. 85

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