Interrogations - anno V - n. 16 - ottobre 1978

FREDDY GOMEZ tout le monde, des critiques sur le « manque d'énergie» de la CNT en la circonstance ne tardèrent pas à se faire sentir. Celles-ci provenaient bien sûr du secteur plus ou moins lié à cette opération. Elles qualifiaient parfaitement une certaine conception pratique et dissimulaient à peine une volonté de pouvoir. FAI ou pas FAI, là n'était pas l'important. Les militants ne se trompèrent pas. Cette réunion fut perçue comme le point fort d'une série de tentatives avortées, clairement planifiées depuis le secteur « officiel » de l'exil, dont le but - avoué, par ailleurs - était de prendre possession des comités de la Confédération et d'en écarter les tendances risquant de compromettre l'essence « anarchiste » de la CNT, telle qu'elle était conçue dans la tête des orthodoses. L'identité des réunis laissait peu de place au doute quant à l'objectif de la réunion. Les déclarations de la CNT pouvaient faire diversion à l'extérieur du cadre de l'organisation; à l'intérieur, personne ne pouvait s'y laisser prendre. Aujourd'hui, plusieurs observations s'imposent. En la circonstance, la CNT se serrait très bien passée des complications occasionnées par l'opération « faïste ». En niant l'existence de la FAI, elle cherchait à alléger les accusations pesant sur les emprisonnés, mais se plaçait dans une situation difficile. Avec ou sans FAI, les « faïstes » existaient (17). Pourquoi, alors, le nier avec véhémence? Dans l'ensemble, la base accusa assez mal le coup. En se solidarisant avec les emprisonnées, elle tombait dans la manipulation « faïste ». Comment, cependant, auraitelle pu adopter urie autre attitude? Le vieux réflexe de la solidarité libertaire face aux tracasseries policières joua une fois (17) Le secrétaire de propogande du Comité régional de Catalogne déclarait le 16 février à Interviu: « Les militants arrêtés n'appartiennent pas à la FAI pour la simple raison que la FAI n'existe pas aujourd'hui». Dix jours plus tard, le 26 février, Juan Gomez Casas, secrétaire général de la CNT, déclarait à un journaliste de Opinion: « La CNT, par son caractère anarchiste, n'a besoin d'aucun gendarme ou organisation parallèle ». Au même moment, cependant, en février, F. Montseny se répandait en déclarations diverses d'une toute autre teneur. Dans une interview accordée à Ramon Pi, journaliste de Actualidad espaiiola, elle assurait que « la FAI était actuellement en cours de reconstruction». Dans un entretien avec J.M. Gironis, journaliste de Opinion, alors que ce dernier lui signalait que, d'après les déclarations de responsables de la CNT, « la FAI n'existait pas», elle se crut obligé de répondre: « Elle n'existe pas, mais elle est en train de se réorganiser; à l'heure actuelle, des groupes autonomes tentent de reconstruire la FAI ... » Pour être cu- rieuse, la contradiction n'en est pas moins révélatrice ... 82

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