FREDDY GOMEZ souvent à l'emprise de l'UGT et des Commissions ouvrières. La crise économique frappe une classe ouvrière pas encore domestiquée par le réformisme, non encore contrôlée par les appareils syndicaux, ouverte à toute alternative d'organisation garantissant son autonomie de classe. Autant d'éléments favorables pour la CNT. Celle-ci sembre cependant incapable de saisir sa chance. Le folklore abonde. Surtout dans le creuset catalan. Là, l'organisation avait pourtant réussi à se donner, en décembre 1976, un Comité régional relativement représentatif des différents courants existant en son sein. Les luttes d'influence ne cessèrent pas pour autant, chaque tendance voulant une CNT à son image. Il sembla, un temps, lors du conflit de Roca (15), que la conflictivité interne allait céder le pas et que la CNT allait enfin pouvoir vérifier, concrètement, ses capacités de mobilisation. Rien n'y fit. Ces combats douteux passaient avant toute chose. Chaque tendance accusait l'autre de tous les maux, inventait des stratégies souterraines devant mener à la prise de tel ou tel comité. Une véritable guérilla faite de coups bas et de violences verbales. Contre la volonté de larges secteurs de la base, la CNT était en train de se transformer en foire <l'empoigne. En voulant la guérir de tant de maux imaginaires, ses médecins - opposés sur les remèdes à appliquer - étaient en train de l'achever. (15) Ce conflit toucha environ trois mille travailleurs de l'entreprise « Radiadores Roca», de Gava (Barcelone) et fut motivé par le licenciement des déléguées du personnel, élus en assemblée. Il dura plus de deux mois et s'effilocha peu à peu, faute d'appuis extérieurs. Le grand mérite de la CNT en cette lutte - non déclarée par elle, mais par les travailleurs eux-mêmes - fut d'avoir mis tous les moyens (pauvres, au demeurant) dont elle disposait au service des travailleurs en lutte. La CNT fit preuve, à l'occasion de ce conflit, d'une solidarité totalement désintéressée. Son attitude tranchait avec celle des centrales réformistes, incapables de se mobiliser pour défendre, dans l'entreprise, le droit élémentaire des travailleurs d'élire leurs propres délégués. Effrayès par le caractère autonome et radical de cette lutte, les réformistes préférèrent voir venir. Roca dut donc compter sur ses propres forces. L'aide de la CNT fut plus qu'appréciable, mais les militants anarcho-syndicalistes commirent l'erreur de penser qu'il suffisait de faire appel à la solidarité ouvrière pour la trouver. Pour cela, il fallait disposer d'une organisation structurée et capable de se mouvoir sur le terrain glissant des repations syndicales internationales. La CNT n'en était pas encore là ... 80
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