Interrogations - anno V - n. 16 - ottobre 1978

FREDDY GOMEZ Presqu'un an après la mort de Franco, l'Espagne avait déjà indéniablement bien changé. Même si les bureaucrates d'avant étaient restés en place. Même si les structures politiques n'avaient pratiquement pas bougé. Le changement était tout de même fulgurant. Ce fut la grande époque du marketing publicitaire des partis toujours « illégaux» mais plus clandestins. Sur le terrain syndical, la chasse aux adhérents était ouverte (12). Dans ces conditions, les perspectives de la CNT demeuraient minces. L'adversaire, multiple et organisé, bénéficiait dès lors de considérables appuis alors que la CNT ne pouvait compter que sur ses propres forces. La tâche allait être rude. La reconquête des anciennes positions de l'anarcho-syndicalisme dans la classe ouvrière n'allait pas de soi... Pourtant - pourquoi le nier - ces premiers temps furent d'euphorie ... Euphorie justifiée par le silence de la longue nuit de la clandestinité et de l'exil. Euphorie nécessaire comme libération des angoisses et des refoulements accumulés. Euphorie légitime, certes. Sur les murs, dans les tracts, sur les bulletins cours d'une tomée d'information, une commissioni représentative de ce secteur avait fait savoir au Comité régional de Madrid (exerçant à cette époque les fonctions de Comité national provisoire) que sa position se résumait en deux points: a) à partir du moment où la CNT était reconstruite en Espagne, ce secteur ne reconnaissait que les instances qu'elle s'était librement choisie; b) dès qu'un Comité national représentatif serait élu, Frente libertario suspendrait sa publication. (12) Si, dans le passé, le panorame syndical avait le bénéfice de la clarté - puisqu'il était constitué de deux blocs, la CNT et l'UGT -, la réalité est, aujourd'hui, plus complexe. On trouve, en effet, en plus de la CNT: 1) l'UGT, adhérente avant la guerre à la Fédération syndicale internationale, puis - depuis sa fondation - à la CIOSL (Confédération internationale des organisations syndicales libres); 2) les Commissions ouvrières (CO) appuyées par la FSM (Fédération syndicale mondiale), courroie de transmission du PCE; 3) l'USO (Union syndicale ouvrière), d'origine chrétienne, soutenue par la FITIM (Féédération internationale des travailleurs de l'industrie métallurgique) et d'autres secteurs professionnels internationaux - qui lui facilitèrent, comme à l'UGT, une aide financière non négligeable -, ainsi que par la CFDT française; 4) les centrales « regionales » STV (Solidarité de travailleurs basques), affiliée, comme l'UGT, à la CIOSL et en même temps, comme la SOC (Solidarité d'ouvriers de Catalogne), à la CMT (Confédération mondiale du travail), ex-CITL (Confédération internationale des travailleurs chrétiens); 5) enfin, les «unitaires» de service (maïstes et bolcheviques dissidents), longtemps intégrés aux Commissions ouvrières, dans l'espoir de déplacer la direction carrilliste, puis disposant de leurs respectives petites boutiques syndicales. 74

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