FREDDY GOMEZ problèmes. On sentait déjà pointer le vilain nez du sectarisme. Certains groupes refusant de se dissoudre, d'autres affichant des prétentions nettement exclusivistes, les choses n'allaient pas toujours pour le mieux. A Valence, par exemple, deux courants se dessinèrent et, curieusement, l'affrontement n'avait pas précisément comme fond une divergence idéologique. Il s'agissait plutôt, localement, d'une lutte de clans pour prendre, une parcelle de pouvoir. Derrière ces rivalités, on devinait une volonté de réglements de compte. Des comptes se rapportant, le plus souvent, à la période de clandestinité. Ici et là, les haines étaient vivaces. Elles prenaient parfois les formes de querelles purement personnelles. Elles étaient, en fait, les scories d'une époque pas si glorieuse qu'on aurait tendance à faire croire ... A l'intérieur de cette CNT en reconstruction, des signes annonciateurs de crises sont déjà perceptibles. La coexistence de courants divers - tous libertaires pourtant - ne se fait pas automatiquement partout. Elle aurait même tendance à se faire plutôt mal et, profitant de cette conflictivité, certains secteurs - plus habiles que d'autres dans l'art de la manipulation - s'évertuent à compliquer un peu plus une situation déjà complexe, en tentant de transposer - de façon extraordinairement artificielle, mais néanmoins planifiée - des problèmes de relations et de fonctionnement sur le terrain de l'affrontement ideologique. Alors, sans le moindre fondement, tel secteur se voit affublé de qualificatifs plus ou moins réjouissants ( « réformiste», « possibiliste », « trentiste », « infiltré marxiste », « conseilliste », etc.) Ainsi se crée une véritable psychose du déviant. Elle se manifeste, en certains endroits, de façon sordide par des pratiques plus proches du gangstérisme et de la chasse aux sorcières que de l'esprit libertaire. Pour certains groupes, la fin en arrive à justifier les moyens. La fin, c'est un certain modèle ( « idéal ») d'organisation. Pour l'atteindre, on ne recule devant rien. Tout est bon: les manipulations journalistiques de déclarations faites par d'anciens militants de retour au pays (comme Diego Abad de Santillan), l'épluchage policier du passé de tel membre de tel comité (passé le plus souvent inventé, comme de bien entendu, pour les effets de la cause), etc. Un climat assez particulier, en somme ... Un drôle d'état d'esprit ... Qu'y-a-t-il derrière tout cela? Qui est-il derrière tout cela? Difficile à dire avec exactitude. On saura plus tard - mais plus tard seulement - que déjà germait dans certaines têtes un vague project d'organisation spécifique: une FAI pure et dure, démentiellement orthodoxe, convaincue de sa mission 70
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