Interrogations - anno V - n. 16 - ottobre 1978

DOSSIER CNT substance critique par une bureaucratie céleste confortablement installée à Toulouse), les pourfendeurs du moindre symptôme de modernité, veillant - derniers soubresauts d'une époque - sur des principes désuets, principes que par ailleurs ils n'hésitaient pas à transgresser pour assurer leur pitance bureaucratique (6). Il y avait cela et bien d'autres choses encore. Un océan de contradictions. Le débat fut riche, mais inachevé. Et pour cause. La mort du vieux dictateur précipita les choses. Pour le mouvement libertaire, morcelé en tendances, foisonnant de groupes et sousgroupes, la reconstructions de la CNT devint une alternative, l'alternative. La majorité des libertaires se rallièrent à ce projet. Ils le firent peut-être à la va-vite, sans définir préalablement les contours de cette CNT en gestation, sans certitudes quant à la justesse théorique de l'anarcho-syndicalisme. Et la incohérence des premiers jours fut, certes, pour quelques chose dans l'éclatement ultérieur des contradictions. Pouvait-il en être autrement? Dans ses premiers instants de liberté surveillée, la CNT fut accueillante. On y entrait sans trop savoir. Elle était à la fois un gros groupuscule, un petit syndicat et une famille élargie. On y trouvait des anti-syndicalistes, des syndicalistes patentés, des activistes plus ou moins délirants, des anarchistes de la vieille école, des contre-culturels partagés entre un discours «désirant» et une volonté de pragmatisme social. Un sac de billes, en somme. Et qui pouvait s'en plaindre alors? Cette CNT se voulait accueillante et ne pouvait que l'être. La décantation se ferait naturellement par la suite et, avec elle, la clarification. Avant d'en arriver là, cependant, l'existence même de la CNT supposait une capacité d'accueil et une pratique quotidienne du respect de la différence. Les premiers temps furent d'espoir, mais aussi de désillusions. Les regroupements régionaux n'allaient pas partout sans (6) Je me verrais, par la force des choses, contraint de revenir, à maintes reprises, dans cet article, sur l'exil. Pour faciliter la compréhension, j'emploierai le terme générique de « CNT officielle » pour désigner la routinière et bureaucratique organisation exilée (dont l'organisme « dirigeant » - Secrétariat Intercontinental - a son siège à Toulouse) et celui de « Tendance Frente libertario » pour parler du secteur marginal de l'exil (celui-ci est néanmoins organisé et dispose d'une « Commission de relations» à Toulouse et Paris). Pour une idée des conflits récents de l'exil cénétiste, se rapporter à l'article précédemment cité (voir note 1). 69

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