Interrogations - anno V - n. 16 - ottobre 1978

DOSSIER CNT mais aussi de sectarisme, de coups de gueule, de sordides luttes pour un misérable pouvoir. L'histoire n'a rien à voir avec la propagande. Elle est analyse et patiente recherche du négatif et du positif, mais surtout observations d'une réalité en mouvement, faite de grandeurs et de misères. Celles-ci n'ont pas à être occultées sous de grands discours dithyrambiques. Elles ne doivent pas plus masquer la richesse d'un mouvement, dont l'histoire est parsemée de ruptures et de recommencements, de défaites et de victoires. Elles ne peuvent intervenir que comme composantes d'une réalité. Dès maintenant, donc, les choses doivent être claires. Et tant pis si cet article dérange certaines analyses acritiques. Il est fait pour cela ... Premiers pas, premières espérances, premières crises L'assemblée qui, le 29 février 1976, réunit, à Sanz (banlieue de Barcelone) plus de 700 personnes, marque, indiscutablement, une date importante dans le processus de reconstruction du mouvement libertaire espagnol et plus concrètement de la CNT (Confédération Nationale du Travail). Tolérée, mais simplement tolérée, cette réunion eut sur la militance présente et absente l'effet escompté: se voir à visage découvert, se sentir, se rencontrer sans médiation ni délégation. Après les rudes années de clandestinité, l'important, c'était d'abord cela: se compter avant d'aller de l'avant. Et puis se dissoudre pour reconstruire à partir de l'idée de reconstruction de la CNT. Idée motrice, en fait. Se dissoudre, c'était dissoudre les structures existantes (groupes, comités divers, coordinations plus ou moins clandestines, tendances, etc.) pour faire du neuf, ensemble, toutes sensibilités mêlées. En sachant les problèmes que cela poserait, mais avec la volonté ferme de les dépasser et l'espoir fou de les résoudre. Cette réunion eut, avant tout, cette signification. Elle fut déterminante dans le reste de l'histoire. Au printemps de 1976, peu après la mort de Franco et dans l'incertitude la plus totale quant à l'évolution de la situation politique (2), il était pour le moins risqué d'oser un pronostic (2) Le parrainage européen du nouveau régime favorisait plutôt l'idée d'une ouverture vers un certain libéralisme, mais la machine institutionelle léguée par Franco - qui avait lui-même déclaré peu avant de disparaître qu'il se félicitait de « tout laisser lié et bien lié,. ( « atado y bien atado ») - laissant peu d'espoir quant à l'inauguration 65

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