Grandeursetmisèresdu mouvement libertaire espagnolaujourd'hui FREDDY GOMEZ (*) En mai 1976, je concluais un article sur la situation du renaissant mouvement libertaire en Espagne par cette phrase: « Aujourd'hui, sans sombrer dans un quelconque triomphalisme de bas étage, il semble possible de parler d'illusions gagnées (1) ». Plus de deux ans après, il est nécessaire de prendre un peu de recul pour analyser, dans sa complexité. et ses contradictions, ce même mouvement libertaire espagnol. Il n'est pas de trop, sur ce thème aussi, de s'interroger. Ouvertement. Sans mêler nos voix à ce concert de louanges crée par une presse libertaire fascinée par la capacité mobilisatrice de l'anarchisme espagnol. L'Espagne n'est pas le phare, le « nec plus ultra », l'exemple à suivre de l'anarchisme militant. L'Espagne ne doit pas être la raison d'exister d'autres mouvements, confinés dans un pauvre rôle de divulgateurs des initiatives du grand-frère <l'outre-Pyrénées. Il faut en finir avec le mythe. Il faut savoir que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mouvements possibles, que tout n'est pas passionnant, admirable, enthousiasmant et grandiose. Sur l'Espagne, la fumée fait souvent écran. L'arbre cache souvent la forêt, cette forêt faite d'incertitudes, de tâtonnements, de recherches, (*) 28 ans, membre du groupe de rédaction de Frente libertario de 1971 à 1977; collabore actuellement à plusieurs publications libertaires, surtout espagnoles. (1) Il s'a~it de l'article intitulé « Situation et perspectives de l'anarcho-syndicahsrne espagnol », initialement publié dans La lanterne noire (Paris, numéro 5, mai 1976), puis dans un opuscule de Frente libertario et traduit par la suite en italien (Bollettino del C.D.A., Torino, nurn. 8, octobre 1976) et en anglais (Freedom, anarchist review), etc. Ce texte a également été inclu, avec d'autres, dans Lotte operaie in Spagna (édité par Librirossi, Milano) [N.D.L.R.]. 64
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