CONFLUENCES ET PARTICULARITES LATINO-AMERICAINES Corrélativement à l'extension des taches complexes de l'Etat, à la création de services destinés à régler ou à prévenir les conflits sociaux, à la naissance d'organismes chargés des problèmes de securité sociale ou de retraites, à la multiplication des bureaux traitant des affaires paysannes, surgit, de façon conflictive ou en vue de 1~ négociation, une catégorie importante de représentants d'intérets sectoriels ou locaux. Des représentants naturels, désignés par les syndicats, les mutualités, les caisses, les associations. Ou des représentants nommés par les administrations publiques, à tous les échelons. L'une et l'autre catégories fìnissant souvent par se confondre. Cette tendance n'est contrebalancée que par la vigueur doctrinale et tactique des organisations d'esprit anarcho-syndicaliste, alors qu'elle est encourgagée ou imposée par le pouvoir, lequel a besoin d'interlocuteurs parlant au nom de la classe ouvriére ou de la paysannerie pauvre, et qui soient en meme temps capables - meme s'il faut les soutenir par les moyens d'Etat - de discipliner les « représentés ». La tendance à l'intégration, la crainte de voir des formes d'organisation s'imposer en dehors des mécanismes officiels sont permanentes. C'est ainsi que bon nombre de réformes agraires - Colombie, Vénézuela, Pérou - furent conçues, organisées, appliquées sans que paysans ou ouvriers agricoles fussent le moins du monde partecipants ou responsables. Seulement « bénénfìciares ». C'est ainsi que des confédérations ouvrières furent créées ou détournées, pour devenir des dépendances d'un ministère du Travail ou succursales d'un mouvement populiste de l'époque, comme en Argentine, au Brésil ou au Mexique. Le fonctionnement des services d'Etat (et là encore, quelle que soit l'orientation de leur politique sociale) ne peut etre assuré que dans le mesure où ces services comptent sur des « partenaires » jouant le jeu. Ou alors l'Etat lui-meme installe son propre réseau syndical et impose sa validité par la force. Ce qui revient sensiblement à la meme domestication. Nait ainsi une couche de péri-fonctionnaires. Un facteur plus récent est venu renforcer le caractère omniprésent et privilégié de l'Etat, c'est celui qui découle de la préférence toujours plus marquée par les banques internationales et les sociétés multinationales de traiter avec les pouvoirs établis et d'en obtenir des garanties, de préférence aux sociétés privées. Pratiquement, c'est l'Etat qui devient le seul interlocuteur pour les relations, et les affaires, intemationales. L'Etat garant devient bientòt l'Etat traitant. Ses décisions 69
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