Interrogations - anno IV - n. 10 - aprile 1977

EDMOND T1RIFON ne pas perdre de vue que ne sont publies que les faits qui ont deja subi la repression. Mais combien reussissent a echapper a cette repression? Le fait divers suivant le prouve tout a fait: « En observant systematiquement !'utilisation qui est faite des voitures propriete de l'Etat afin de pouvoir prevenir et sanctionner les infractions, la milice du departement de M. a etabli des statistiques « a jour » sur les phenomenes constat.es. Et qu'ont-ils constate? 104 camions se sont mis en route sans autorisation; 451 voitures ont ete reperees circulant sur d'autres trajets que ceux legalement etablis; pas moins de 645 voitures etaient garees devant Jes domiciles de certains chefs d'unites ou de certains chauffeur; 365 autres voitures circulaient sur des chemins detournes, qui n'etaient pas inscrits sur Jes feuilles de route habituelles, en d'autres mots effectuaient des transports clandestins... La question: qui supporte les degats? » (27 aout 1975). Et bien la reponse n'est pas difficile a trouver: c'est l'Etat. Or pour Jes chauffeurs en question, comme pour Jes travailleurs roumains en general, J'Etat, avant d'etre ouvrier (degenere ou pas!) ou bourgeois, democratique ou populaire, l'Etat c'est « l'Autre », le Patron qu'il faut combattre pour (sur) vivre. Ce n'est pas un hazard si l'un des mots d'esprit les plus courants chez les travailleurs roumains est « l'Etat fait semblant de nous payer nous on fait semblant de travailler ». OUELOUES CONCLUSIONS On disait au debut que la regle de la presse socialiste, c'est que !'information doit exemplariser les processus declanches et controles par le Parti-Etat, mais qu'il existe neanmoins des breches, que nous avons essaye de mettre en evidence a travers ces faits divers. En ne s'inscrivant pas clans les processus que la bureaucratie controle, les faits divers sont souvent les signes d'un processus social dont la bureaucratie est certainement la cause, mais qui cette fois-ci va a son encontre. La desertion de la production, la recuperation du produit du travail, le detournement de l'outil de travail, mais aussi la revolte contre la famille, l'ecole ou la condition de la femme constituent des formes de lutte qui prouvent une remise en question permanente de la bureaucratie etatique, de sa production et de ses institutions. L'approche de ce type de « faits divers», combat quotidien nullement spectaculaire, mais non moins significatif pour au22

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