EDMOND 1iRIFON C'est pourquoi ii faut rappel~r un ,as~ect essent~el de la ~ise en pratique de cette con~e~t10n: 1 umque autonte, de fa1t et de droit, qui decide de 1 existence de tel ou tel proce~s~s et de la necessite d'informer de telle fa9on a la mettre en evidence est le Parti-Etat. II est evident que le plus souvent, ces processus n'existent que par rapport aux besoins du Parti-Etat de se legitimer et de faire accepter des decisions prises selon ses propres interets. Ainsi, pour que les lecteurs soient informes d'un evenement quelconque, ii faut que celui-ci s'inscrive positivement clans un processus en cours auquel correspond une rubrique particuliere du journal ou bien qu'il puisse illustrer telle ou telle campagne que ce journal doit appuyer. On n'informe jamais de ce qui est nouveau pour les lecteurs, mais de ce qui devrait l'etre. Les gens, qui n'ont pas pour autant perdu le besoin de s'informer, ont mis au point spontanement une institution de !'information fondee sur le « bruit »: inutile d'7 rappeler les inconvenients de cette institution orale qui peut a tout moment etre manipulee. A partir de cette situation de !'information, on peut· deja detecter sur quelques points des elements significatifs, suscep tibles de constituer des informations sur la situation globale du pays. II s'agit des ecarts aux normes (les rubriques sont tres hierarchisees: politique du Parti, production, .situation internationale, vie culturelle, etc, mais pas immuables; leur contenu est tres previsible, ce qui n'empeche pas des surprises) et du contenu de certaines campagnes sur des themes specifi. ques. Mais les informations que l'on peut deduire de ce type de contradictions clans la presse officielle ont !'inconvenient d;1:- rendre compte plutot des manoeuvres du pouvoir en place et de ses divisions que des manifestations de ceux qui le subif sent (sauf exceptionnellement a travers certaines campagnes de presse). Un autre type de breche est en train d'apparaitre sous la pression de !'action, souvent inconsciente et generalement defensive, de certaines categories de la population. II s'agit de toute une serie d'attitudes et de comportements individuels et collectifs que le pouvoir ne peut plus maitriser par ses moyens classiques de repression. Leur multiplication met en danger le bon fonctionnement de la societe geree par la bureaucratie etatique. C'est pourquoi cette derniere fait appel aux moyens d'information pour tenter, sinon de les eliminer, du moins de limiter leur portee subversive. II s'agit d'evenements presentes 16
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