HELMUT SCHWARZ Berlin arrive à acquérir de l'influence dans les milieux extrauniversitaires, grâce à l'action de ses propagandistes dont les plus connllls sont R. Dutschke, W. Lefèvre et B. Rabehl. Appliquant leur théorie des « groupes marginaux », il font de l'agitation dans les quartiers de la ville, parmi les socialement faibles, « les pauvres, les humiliés, les outragés » (E. Bloch), pour éveiller le potentiel révolutionnaire -qui dort peut-être en eux: •enfants des centres d'éducation, de redressement, homosexuels et lesbiennes, jrunes déliiquants, ouvriers étrangers, élèves et apprentis, drogués, adolescents. Autant ·de groupes auxquels les étudiants s'intéressent pour les instruire et en faire des contestataires. On croit pouvoir compenser, par l'activisme des groupes marginoox, l'embourgeoisement et la division du prolétariat allemand (aristocratie ouvrière - ghetto communiste de la RDA), et, momentanément, le succès semble donner raison aux étudiants. Le nombre de participants aux « teaoh-ins » ed aux manifestantions dans Berlin atteint des chiffres étonnants pour l'Allemagne: 5.000, 10.000 ... 30.000. Un des principaux agitateurs du SDS ,de Berlin, Rudi Dutschke est « à la une» de tous les journaux, parle à la radio, parait à la télévision. Le SDS et ses activistes deviennent aussi fameux ... que mal fa. més. En 1968, Dutschke est victime d'un attentat, conséquence de tout la haine acoumulée contre lui. Ce qui peut encore mettre un frein à l'acharnement de la presse de Springer contre « la racaille étudiante» (style « Bild-Zeitung »), c'est le fait que le mouvement de contestation de « cette ,vermine aux cheveux longs qu'il faut écraser » (style Strauss-CSU) reste limité à l'ilôt de Berlin-Ouest. * * * Cet isolement va prendre fin le 2 JUm 1967, lorsque l'étudiant Benno Ohnesorg est mortellement atteint d'un coup de feu tiré par le policier en civil Kurras. La balle a frappé l'arrière <le la tête d1Umanifestant qui fuyait devant la police: c'est l'étincelle qui va mettre le feu aux poudres et déclencher des manifestations de masse à Berlin-Ouest et dans la RFA. La manifestation de la soirée du 2 juin, devant l'Opéra de Berlin, était dirigée contre le Shah de Perse, symbole de la collusion entre le Tiers-Monde et les métropoles capitalistes. La police ,de Berlin, par ses actions paramilitaires pendant et après l'événement, contribua à l'agitation. Le comportement de la Justice, qui déclara Kurras non-coupable, celui de la 64
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