CHRONIQUE DE POLOGNE • Honorable camarade premier secrétaire, « La Pologne se trouve actuell-ement dans une situation difficile. Nous connaissons des ·difficultés économiques immenses qu•i résultent d'un chaos croissant, de l'inflation, de la nécessité de payer nos dettes à l'étranger. Nous ne disposons pas d'un sysème efficace pour gér,er l'économie nationale. Notre système politique est anachronique. Il ,interdit une sélection positive des cadres, il donne la priorité aux médiocres et -aux,carriéristes, il freine toute ,création dans la culture et dans la science. Il provoque les sentiments de frustration et d'indifférence chez ceux qui ne peuvent influencer ·le cours des affaires sociales. Nous sommes un ,pays dépendant d'une puissance étrangère avec tout ce que cela comporte. li est nécessaire de procéder à des changements essentiels ou du moins de les entreprendre. Dans le cas contraire, on ne pourra plus éviter une tragédie qui peut prendre la forme de révolte violente, ou le retour aux méthodes staliniennes ... ». Mais ni de l'affaire de la Constitution, ni des paroles ,du prof.esseur Upinski qui par leur justesse allaient très bientôt se révéler prophétiques, le gouvernement n'a su tirer les conclusions ·qui s'imposaient. Il allait tout droit à la catastrophe prévue par le ,professeur Liplnski en annonçant, le 24 juin 1976, une hausse draconenne des produits alimentaires de base (jusqu'à 100% pour certains d'entre eux) et des articles de première nécessité. Par cette décision prise sans aucune concertation avec la masse des travailleurs, l'équipe de Gierek a donné la preuve définitive de sa myopie politique. La majorité des Polonais se rendaient compte de la nécessité d'une régulation des prix. Mais le caractère massif généralisé de la hausse dépassa leurs prévisions les ,plus pessimistes, et ce qui les indigna ayant tout ce fut l'hypocrisie du gouvernement. En effet, depuis le VW congrès, toute la presse parlait du prétendu dialogue du Parti avec la classe ouvrière. La veille de son voyage en NRF (8-12 juin), Gierek •déclara dans une intervie accordée à l'hebdomadafre ouest-allemand Der Spiegel: « Si les changements planifiés doivent un jour être introduits en Pologne, cela ne se fera qu'à l'issue d'une concertation avec la classe ouvrière ». Quelques jours après son retour d'Allemagne, la hausse fut annoncée sans que les travailleurs aient été consultés. C'est le premier ministre Piotr Jaroszewicz qui annonça au Parlement le jeudi 24 juin que l'augmentation des prix rentrerait en vigueur dès le lundi 28 juin. Le discussion se limita au discours du député Edward Babiuch, membre du Bureau politique et secrétaire du Comité central du Parti qui, au nom de 105
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