n'arrivent pas à être écoulés en Occident, vont sur le marohé de l'Est, aggravant le déficit chronique en devises. L'inflation dévore une grande partie de la hausse de salaires. Dàris l'agriculture, 'la situation, déjà mauvaise, s'est aggravée encore au cours de cette dernières année; l'approvisionnement des magasins en ,produits ,alimentaires est catastrophique. De longues files d'attentes empoisonnent la vie des ménagères. Le marché noir de la viande sévit car des étals de boucheries restent vides en permanence ou n'offrent que des mauvais morceaux à la population. Les Polonais en viennent à se demander si leurs porcs sont faits •que de têtes et de queues. lis savent en fait qu'étant donné le déséquilibre du commerce extérieur, la viande qu'on leur refuse s'en va à l'étranger. On leur explique que 80% .de ces exportations vont en direction des pays qui payent en devises fortes. Pourtant, le Polonais moyen est persuad qu'une bonne part des exportations de viande et de volai'lle est destinée à !'U.R.S.S. (on cite à Varsovie l'exemple de grandes boucheries de Sluzewiec qui, chaque matin à l'aube, envoient en direction de !'U.R.S.S. 2 camions réfrigérés à remorque, chargés chacun de 8 tonnes de viande). Ce Polonais moyen commence à souhaiter l'introduction d'un rationnement pour certains produits de base, comme cela existe déjà pour le secteur de l'énergie et, depuis peu, pour le sucre. A vrai dire, un rationnement de fait touche déjà certains produits ou services comme l'automobile, les meubles, les vêtements à la mode, 'les appareils ménagers, les appartements et même les vacances. Mais ce -système présente de sérieux inconvenients qui découlent de l'exi•stence d'un marché libre parallèle, où les prix sont très élevés, et la vente « illegale ", même dans des magasins d'Etat. Toutes ces difficultés du marché irritent de plus en plus la population et aggravent ·les inégalités sociales. L'opulence des groupes de privilégiés souligne encore plus la misère réelle de la majorité de la population. Quant à la démocratisation promise par Gierek, elle est restée lettre morte. L'information n'existe pas et le dialogue social est tout à fait oublié. Le système des interdits et des ordres et •la démagogie officielle les remplacent, et la bureaucratisation ajoute à la paralysie de l'économie et de l'administration. li y a un an, la veille du VII" congrès du Parti qui allait avoir lieu en décembre 75, le climat était déjà très tendu. Les autorités étaient conscientes des difficultés mais ne faisaient rien pour entrer en contact avec l'opinion pubHque. Face aux grèves ponctuelles des ouvrie·rs, leur politique était de céder, quitte à 98
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