SOCIALISME NON TOTALITAIRE vue de sa planification « scientifique > se métamorphose avant tout en une fantastique concentration de possibilités d'arbitraire total. Une telle société est en principe beaucoup plus volontariste que celle basée sur l'initiative décentralisée et pluridirectlonnelle, dans laquelle agit, ne fut-ce que partiellement, la loi de l'équilibre des forces. Et néanmoins, l'idée « scientifique ,, du « socialisme scientifique > ou du communisme « scientifique > hypnotise des millions de gens! A un trop grand nombre à travers le monde il semble que l'unique alternative à la propriété privée doit être son transfert tout entier à l' « Etat >. La totalitarisation du monde JE coNsrnÈREque le monde s'approche dangereusement d'un point de totalltarisation complète. Des signes multiples et des causes profondes motivent ce point de vue. Avant tout, les exigences morales vis-à-vis des contraintes imposées à la vie spirituelle sont très faibles chez la majorité écrasante des peuples du monde, et ces exigences sont aisément supplantées par d'autres intérêts. Mais c'est justement dans la contrainte imposée à toute la vie spirituelle, jusque dans ses plus petites manifestations, que se trouve le signe distinctif du socialisme totalitaire. Pour la plupart des gens d'aujourd'hui, le totalitarisme comme tel ne suscite pas de sérieuses protestations, s'il réussit à satisfaire ne fût-ce qu'un certain nombre de besoins, d'ailleurs contradictoires. D'autre part, les aspirations à des changements, en particulier à des changements dans le sens du socialisme, sont devenues littéralement une maladie du siècle. Bien sOr, ces aspirations se fondent so_uvent sur des sentiments légitimes à l'égard de l'exploitation capitaliste et de l'égoïsme des classes riches. Mais; le côté émotionnel mis à part, elles reposent aussi sur l'idée généralement admise mals fausse, que les hommes peuvent résoudre tous leurs problèmes grâce à des réformes sociales, et sur le myt,he· encore plus fallacieux du « socialisme scientifique>. Je ne veux pas dire par là que les réformes sociales ne sont nécessaires nulle part ; au contraire, il faut les réallser à temps, puisque les retards importants recèlent un potentiel de violence. Mais, premièrement, si aujourd'hui une partie malgré tout considérable de l'humanité ne meurt plus de faim ou de maladie, c'est moins grâce à une distribution équitable des 75
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