YOURI F. ORLOV l'Etat socialiste est amené à lutter avec cette survivance rtes libertés bourgeoises - et ici en U.R.S.S. nous sommes les témo\ns de cette lutte. Sous Staline. tous les courants scientifiques importants ne correspondant pas à des tâches assignées à la planification « scientifique » ont fait l'objet d'une cruelle persécution. Et c'est seulement après que l'Occident eut démontré comment ces courants transforment ces mêmes forces de production qui, à défaut d'être « scientifiquement» planifiées, nuraient dû sombrer dans l'incohérence, que ces courants ont été réhabilités. La planification de la recherche elle-même en U.R.S.S. revêt très souvent le caractère d'une planification du retard scientifique. Bien entendu, l'image totale des relations entre l'Etat et la science est plus complexe et révèle d'ailleurs un élément inattendu pour la « science » marxiste. C"est que le champ d'activité du propriétaire étatique est également la sphère dans laquelle s'exerce son initiative personnelle ! Et dans la mesure où l'utilité des nouvelles idées scientifiques lui est perceptible - et seulement dans cette mesure - il peut donner son «accord» patronal à ces idées. Dans ce cas, elles peuvent alors être assurées du « feu vert ». Le malheur est que pour percevoir cette utilité. même Je spécialiste a besoin de voir devant lui des variantes d'application prêtes, c'est-à-dire préparées par quelqu'un. Telle est, dans les grandes lignes, la cause de la « course au rattrapage » dans les sciences fondamentales, de même que dans bien d'autres domaines scientifiques. La seconde et principale erreur de ce mythe « scientifique » est que toute planification suppose la formulation préalable des objectifs et des méthodes de leur réalisation, conformément aux principes moraux admis. Cependant, ni . les objectifs, ni les méthodes, ni la morale ne se prêtent à une argumentation scientifique, mais se situent tout à fait en dehors de la science. Peut-être une majorité populaire peut-elle déte.r:miner, par un scrutin, les objectifs et les mét~odes? Mais alors, que devient ici le « socialisme scientifique » ? Il n,e s'agit de .ri~n d'autre que de démocratie « .bourgeoise , ! . Les relations entre le pouv9ir totalitaire et la q1ajorit~ sont habituellement plus qu'« harmonieuses». C'est une des particularités caractéristiques de ce régime par rapport à la démocratie « bourgeoise», avec sa confrontation plus ou moins libre entre les différentes forces sociales. De quelque côté ·que se trouve le gouvernement soviétique, nous sommes toujours avec lui. Un parell pouvoir dispose d'une énorme liberté de choix, et il s'en sert. C'est que précisëment la centralisation de l'économie en 74
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