Interrogations - anno III - n. 8 - settembre 1976

SOCIALISME NON TOTALITAIRE Pour s'en tenir à une approximation très générale, on peut dire que le capitalisme occidental contemporain se caractérise par une initiative économique relativement décentralisée, une répartition encore plus décentralisée de la propriété, l'attribution d'une part relativement faible du profit aux propriétaires de l'initiative, pour leur utilisation personnelle. L'existence d'un nombre important de propriétaires, parmi lesquels figurent aussi bien l'Etat que les municipalités, est un facteur important. Une grande partie de la propriété se transmet par hérédité, ce qui a pour effet de conserver l'initiative au sein de mêmes familles. Le socialisme totalitaire au pouvoir en U.R.S.S. ne doit pas être confondu avec le socialisme esclavagiste de l'époque stalinienne, lorsque les prisonniers-esclaves fournissaient environ le quart de la main-d'œuvre industrielle. En cas d'isolement total du monde extérieur, le socialisme esclavagiste est un régime de grande stabilité. Le socialisme contemporain en U.R.S.S. est lié à une monopolisation extrême de l'initiative économique. Le propriétaire collectif de cette initiative - le sommet de l'appareil étatique - est un propriétaire temporaire auquel, pour ainsi dire, est « confié » le droit de jeu avec la propriété. Le propriétaire formel de la propriété, des moyens de production, du sous-sol, etc., est « la société dans son ensemble », de même qu'elle en est l'héritière unique. Ce dernier facteur pourrait être de nature à modérer l'arbitraire des véritables maîtres de l'initiative, mais seulement dans le cas où les libertés politiques pourraient être pleinement exercées : syndicats indépendants, parlement reposant sur des Hections réelles, etc. Nous serions alors en présence d'un socialisme démocratique à économie centralisée, dont je conteste la viabilité à long terme. Dans la variante soviétique, la part de profit revenant au propriétaire collectif - le sommet de l'appareil étatique - et destinée aux usages personnels de ses membres, peut être considérée comme relativement faible ; bien que les revenus de l'élite se situent sans aucun doute à un niveau une trentaine de fois supérieur au minimum. Des sommes véritablement énormes vont à autre chose : à l'entretien de toute la pyramide hiérarchique, soutien du régime en place, et en particulier l'entretien de l'immense appareil de répression et d'éducation idéologique. Quelle pourrait être la structure d'un socialisme intermédiaire, de type modéré ? Si mes considérations sur le caractère illusoire du socialisme démocratique avec économie monopolisée sont convaincantes, 11 faut admettre que cette structure 67

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