LETTRE DE HONGRIE Une seconde période s'est ouverte avec la création de cours du soir (trois par semaine, de 17 à 20 h 30) pour les jeunes travailleurs. Les matières enseignées sont réduites, et pourtant la proportion d'élèves qui achèvent les quatre années d'enseignement est fort limitée : environ 40 %. La fatigue du travail de jour, le mariage ou une naissance au foyer culbutent les projets initiaux. Ceux qui tiennent bon finissent par obtenir un baccalauréat d'une valeur inférieure à celui accordé aux élèves travaillant dans des conditions normales. Le diplôme le signale très clairement : études menées et achevées aux cours du soir. Ce qui constitue un désavantage public. Mais sur les 40 % de bacheliers, rares sont ceux - 1 sur 40 environ - qui pousseront jusqu'à une école supérieure ou une faculté. Les autres rentrent à l'atelier où leurs compagnons ont tout au moins perfectionné leurs connaissances professionnelles. Pour les enfants, le problème se pose différemment. La scolarité est obligatoire de 6 à 14 ans. Il a été question pendant une certaine période de la prolonger jusqu'à 16 ans, mais l'Assemblée Nationale n'a jamais voté le projet, lequel est demeuré formule de propagande. Dans la population, il n'avait pas rencontré d'enthousiasme, car il venait s'ajouter à l'obligation d'apprendre le russe à partir <le 10 ans. Par ailleurs, environ 20 % des élèves n'achèvent pas leurs éludes primaires, par redoublement des classes. Dès 14 ans, tous sont nantis de la carte d'identité et versés dans la production, avec livret de travail. La production exige en effet une masse considérable de manœuvres, d'ouvriers non qualifiés. Et cette situation s'est maintenue pendant cinq ou six années. Quant aux travailleurs «diplômés» mais qui n'avaient pas nécessairement une bonne formation professionnelle, alors que les ouvriers qualifiés et les spécialistes manquent, les autorités leur ont ouvert des « carrières » assez banales mais qui exigent la présentation d'un parchemin : employé de bureau, sténodactylo, dessinateur, mécanicien-dentiste, coiffeur ... Tous doivent avoir accompli des études secondaires et posséder le baccalauréat. Sans doute ces dernières mesures répondaient-elles à un certain mécontentement des porteurs de diplômes, et des jeunes studieux, qui ne voyaient pas où les faisaient déboucher leurs études. Ainsi_. st l'on prend l'exemple d'un lycée disposant de 5 classes de 40 éleves, 500 candidats à l'entrée se présentent. Les 300 restés sur le carreau iront à l'usine ou dans les services. Ceux qut son"t admis le sont pour des niveaux de connaissances indiscutables... ou par protection. Ceux qui sont refusés comprennent une proportion importante d'éléments de valeur/ garantis par le corps enseignant, mais qui ne bénéficient pas de 'appui du Parti. Sur un contingent de 200, 120 admis apparttennent à la catégorie des protégés. Et parmi ces derniers une dizaine sont de parfaits zéros, mais dont les parents sont influents. A signaler, parce que hautement significative pour le caractère hérédttaire du nouveau ,pouvoir, l'obligation pour les lycées ou écoles d'enseignement secondaire, d'admettre les enfants de ceux qui ont été décorés du Mérite de la Patrie Socialiste ou du Mérite Socialiste, tous membres du Parti. Et ces enfants iront dans l'établissement de leur choix. Sans compter que dans les facultés et grandes écoles, leurs examens ou leurs concours seront grandement favorisés. 57
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