Interrogations - anno III - n. 8 - settembre 1976

HEINZ ZIMMERMANN s'ajoutent les << honneurs>> : tel ouvrier, particulièrement méritant, est nommé << héros du travail » ; tel autre qui a consenti à faire volontairement un certain nombre d'heures supplémentaires, reçoit soit « l'ordre de mérite de la patrie», soit « la bannière du travail». On voit très bien à quoi sert tout ce système de primes et « d'honneurs ». Il s'agit, bien sür, d'empêcher qu'une conscience collective se développe dans les entreprises. Il s'agit d'atomiser le personnel, de faire en sorte que l'individu se trouve seul, impuissant, en face d'une administration politique et syndicale particulièrement pesante. C'est à cela, aussi, que servent les « médailles » qu'on distribue, et c'est dans ce but que les « activistes méritants» (on n'invente rien) sont donnés en exemple à tous ceux qui, par autodéfense, se bornent à faire tout simplement leur travail. La F.D.G.B. est parfaitement intégrée dans ce système : encore que, fréquemment, les ouvriers exercent une pression sur la direction de la section syndicale pour essayer de l'opposer aux dirigeants des « Volkseigene Betriebe », c'est-à-dire aux entreprises appartenant au peuple... Mais la R.D.A., généreuse lorsqu'il s'agit de conférer des médailles et de distribuer des primes, est particulièrement sévère à l'égard des récalcitrants. Un exemple: le Code du Travail confère aux directeurs des entreprises le droit de prendre seul, et sans consultation de la section syndicale, des mesures disciplinaires. La section syndicale ne peut intervenir qu'en cas de licenciement. Toute mesure disciplinaire - un « blâme » ou un déplacement à un poste de travail plus pénible - est consignée dans le dossier du sanctionné. La toute-puissance des directeurs des entreprises - tout au moins dans leur domaine propre - est par ailleurs codifiée par la législation du travail : « Le directeur, lit-on dans ce Code, est personnellement responsable quant à l'activité de l'entreprise dans le cadre de la réalisation du plan d'Etat». Dans un commentaire autorisé, il est spécifié que les décisions et directives des directeurs « sont définitives et exécutoires par tous les collaborateurs ... » Cette autorité s'étend, bien entendu, au domaine « technique » de l'entreprise. C'est le directeur qui fixe les « normes », c'est-à-dire le rythme du travail. Certes, « en collaboration avec le personnel de l'entreprise», mais c'est encore lui, avec la complicité de la section syndicale, qui définit les formes de cette « collaboration». C'est toujours le directeur qui décide 48

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