MERCIER VEGA Sans choisir, en principe, entre un capitalisme dynamique, mais limité dans ses pouvoirs par une série de contrepoids - populaires - et de contrôles - d'Etat -, et une économie planifiée d'Etat, qui ne serait pas bureaucratique et favoriserait les initiatives communautaires plutôt que la main-mise de l'autorité centrale sur toutes les entreprises et tous les services, la « théorie» démocrate chrétienne est soumise à rudes épreuves, écartelée dans les faits jusqu'aux déchirements. Les cadres démocrates-chrétiens sont tiraillés entre les bases populaires qu'ils sont parvenus à mobiliser, et dont 11 faut, au moins partiellement, satisfaire les revendications les plus immédiates, et les exigences d'une économie dont l'organisation et l'expansion ne peuvent se fonder que sur une discipline productiviste, c'est-à-dire, en fin de compte, sur l'exploitation méthodique de la main-d'œuvre. Ces cadres sont, pour la plupart, des intellectuels de formation universitaire, ou des militants « sortis» des couches populaires, progressivement formés et absorbés par l'appareil du Parti, ou encore des éléments techno-bureaucratiques attirés par les possibilités d'expérience de gestion au plus haut niveau. Rien ne les distingue foncièrement des cadres des autres partis populaires, socialistes ou communistes. L'expérience du pouvoir, au Chili et au Venezuela, les a placés aux postes de commande, et leur double rôle s'est révélé, avec toutes les contradictions : rassembleurs de couches sociales marginales pour les enfourner dans le processus d'industrialisation et maitres des centres de décision économique de l'Etat. Ici encore, l'unanimité est absente. Les heurts et les scissions trouvent leur origine dans les différences d'appréciation du rythme et du caractère plus ou moins radical des mesures à prendre pour liquider l'oligarchie, pour contraindre les entrepreneurs privés à se soumettre aux exigences d'une économie planifiée, pour confier aux secteurs publics l'administration des industries de base et le maniement du crédit. Reflets de considérations doctrinales peut être, mais expressions de heurts entre gens en place et aspirants au pouvoir sftrement. LP-sséparations se sont opérées naturellement suivant les perspectives et les possibilités d'emploi (fonction, autorité, et avantages) ; les uns s'estimant intégrés et se montrant solidaires du système qui avait permis leur Installation, les autres considérant qu'ils n'occupaient qu'une portion insuffisante du pouvoir et imaginant des formes de mobilisation et des techniques de direction mieux en rapport avec les capacités d'une classe nouvelle dont ils se sentent les représentants. 38
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