Interrogations - anno III - n. 8 - settembre 1976

EGLISES D'AMERIQUE LATINE d'opposition. Au Mexique, elle est publiquement absente, alors que les foules se pressent dans les églises et que les syndicats ouvriers s'en vont, bannière déployée, s'agenouiller aux pieds de la Virgen de la Guadalupe. Les Eglises se trouvent ainsi agir, participer et prêcher au carrefour de contradictions, et ne peuvent elles-mêmes échapper aux convulsions d'une société qu'elles ont à reconquérir, mais dont elles sont des produits. De nombreux prêtres et pasteurs en sont conscients. Les Ordres, responsables des intérêts profonds et constants de l'Eglise catholique, travaillent intensément pour arriver à dominer la complexité des problèmes, pour en tirer des conclusions qui, pourrait-on dire, relèvent de la stratégie. Dès 1966, le Père Arrupe, « patron » de la Compagnie de Jésus, écrivait dans sa Lettre aux Supérieurs d'Amérique latine : « Il ne faut pas croire que les classes aujourd'hui les plus puissantes doivent être les agents principaux de la transformation sociale ; ils n'ont jamais été les agents principaux d'une restructuration radicale plus juste et ne peuvent que difficilement l'être par eux-mêmes, sauf en des cas isolés. » Pourtant dans ces mêmes classes dominantes, les membres de l'Opus Dei pénètrent et occupent des positions importantes. La démocratie chrétienne E N TENANT compte de l'ampleur de l'effort consenti par le Vatican pour envoyer missionnaires, prêtres et organisateurs en Amérique latine - ce qui appartient à une tradition, mais en modifie les buts - il est intéressant de constater que la participation effective des populations latino-américaines à la politique d'aggiornamento est faible. Seuls échappent à ce phénomène de changement par l'extérieur - qui s'est vérifié tout au long de l'histoire de l'Amérique latine, et pas seulement dans les Eglises - les partis démocrates-chrétiens. Si la doctrine sociale de ces partis refuse de considérer la lutte des classes comme le moteur de l'évolution, si elle s'oppose aux méthodes de violence et préconise une politique démocratique de type parlementaire, complétée par la participation du plus grand nombre possible d'organisations de base - avec, comme objectif, la création de communautés nationales effectivement solidaires - la pratique de l'action réformatrice les conduit à chercher un difficile équilibre dans le mouvement. 37

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