MERCIER VEGA lent en mauvais espagnol ou en portugais approximatif de lutte des classes et d.e parti révolutionnaire? Le secrétaire général du C.E.L.A.M.,Mgr Eduardo Pironio, parlant de ces « militants» frais émoulus des séminaires, qui viennent en Amérique latine pour prêcher la subversion, ironise : « On s'aperçoit qu'un bon nombre de sacerdotes veulent mettre en pratique ici, ce que, pour diverses raisons, ecclésiastiques ou civiles, ils ne purent réaliser sur leur terre. » Plus directement, dans le même numéro de Mensaje lberamericano (Madrid - avril 1973), le Cardinal Archevêque de Bogota, Mgr Anibal Mufioz Duque, rappelle la règle : « Il doit être bien clair que celui qui établit et a le devoir et le droit d'établir des priorités pastorales est celui qui appelle, et non l'appelé. » Il faut nuancer, suivant les régions. Les grands mouvements migratoires, les concentrations urbaines ont pour conséquence l'affaiblissement ou l'éclatement des cellules familiales traditionnelles, milieux favorables à la transmission des croyances et des fidélités. Pour conserver ou conquérir des populations réparties en strates sociales nouvelles, les Eglises ont à inventer un langage et des formes d'organisation adaptés. Mais ce faisant, elles courent le risque de véhiculer des forces d'émancipation ou de transformation, elles-mêmes étrangères à la foi et ennemies potentielles de toute Eglise non intégrée. Certains épisodes de l'œuvre d'encadrement menée par des églises protestantes en Bolivie illustrent ce danger. Les imposantes manifestations qui se déroulèrent à La Paz, au cours des années 60, organisées par des groupes évangélistes, reflétaient davantage, nous semble-t-il, une prise de conscience communautaire indienne et métisse, qu'une adhésion à un credo religieux. C'était, pour les Aymaras et les cholos une occasion de se retrouver, de marquer leur existence, de rejeter les trucages des jeux politiques du pouvoir officiel. La tendance vers des églises autonomes, refusant interventions et même aides financières étrangères, s'est à diverses reprises manifestée. De son côté, le mouvement pentecôtiste chilien - courant protestant qui a réussi à gagner une base populaire relativement importante - rejette en sa majorité l'intervention - de ou sur - la vie politique ou syndicale, alors que l'orientation présente de la plupart des églises protestantes - et tout particulièrement celle que manifestent les étudiants en théologie - y serait favorable. Au Paraguay, l'Eglise représente, avec des liens véritables la rattachant à des couches paysannes pauvres et à des associations semi-clandestines d'action dans les villes, une force 36
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