EGLISES D'AMERIQUE LATINE orientation de la lutte.> Et plus loin : « Dépassant les positions dogmatiques et schématiques, chrétiens et marxistes participent coude à coude dans la lutte syndicale, dont les fronts politiques de masse, et dans la lutte directe, et en tout lieu qui soit nécessaire pour la tâche proposée. C'est à travers cette interaction que les chrétiens approfondissent la méthode marxiste et que les marxistes découvrent le potentiel de changement qui existe entre les chrétiens.> (Compte rendu paru sous le titre « Movilizacion popular y Fé crlstiana >, dans la revue America latina, Montevideo 1971.) Ce n'est pas de la hiérarchie catholique que surgit la volonté de changement. Il s'agit bien plus d'une intervention du Vatican qui, conscient du danger de voir son Eglise latino-américaine être dépassée, isolée, « laissée sur place > par la marche rapide des événements, a lancé une série d'initiatives visant à l'aggiornamento. Il faut reconnaitre qu'à partir des années 30, un premier effort avait été tenté pour étoffer les organisations populaires : les diverses Actions catholiques spécialisées, pour établir des ponts solides et larges entre une structure d'Eglise ostentatoire et lointaine tout à la fois, et des populations pratiquant le culte des saints locaux ou ne dépassant pas le rôle de spectatrices de la pompe. Sans grand succès. D'où l'envoi, à compter de l'après-guerre, de missionnaires et organisateurs de tous genres. En majorité, les activistes du renouveau appartiennent aux classes moyennes et supérieures. Cela, tant pour les animateurs laïcs locaux que pour les chargés de mission venus d'Europe. Le mouvement ne surgit pas des foules prolétariennes, même si c'est l'existence de ces dernières qui rend possible et jus• tifle le courant. Les tentatives de créer une organisation syndicale ouvrière chrétienne ne naissent pas au sein des entreprises ; elles viennent du dehors, d'en haut, et sont financées par des fondations de l'Ancien Monde. Le goO.t de l'apostolat, la volonté de dévouement, l'esprit de sacrifice, toutes qualités respectables ou admirables, ne peuvent effacer le fait que ce mouvement vers le peuple n'est pas à son origine un mouvement du peuple. En même temps, les porteurs de méthodes ou d'approches nouvelles sont loin d'être d'accord entre eux. Beaucoup visent le social et sa transformation avant le prosélytisme. La réaction de la hiérarchie locale correspond évidemment à la crainte de voir toute discipline d'Eglise voler en éclat. Passe encore que les Vatican I et II fassent valser la poussière et obligent les perclus à courir, mais ces énervés de jeunes prêtres qui par3S
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