MERCIER VEGA ou temporairement des dissidences ou des tentatives d'organisation autonome. Ceci dit pour ne pas négliger ni le rôle d'un Bartolomé de las Casas, ni la République guaranie du Paraguay établie par les Jésuites. Cette position allait être mise en question par !'Indépendance, à l'aube du xrx• siècle. Le pouvoir espagnol tombé, de nouveaux pouvoirs, nationaux cette fois, s'installaient. Des pouvoirs qui justifiaient leur légitimité par des raisonnements et des principes autres que ceux mis en avant par les autorités anciennes. La génération des nouveaux gouvernants et de libérateurs comprenait nombre d'hommes qui étaient imprégnés - ou se servaient - de doctrines philosophiques modernistes, anticléricales, parfois athées. Marquée par son passé, l'Eglise va réagir, dans la plupart des nations nouvellement constituées, non pas comme une communauté pastorale vouée à la conquête des âmes, mais comme une organisation soucieuse de préserver pour l'essentiel ses fonctions et ses bénéfices. Autrement dit elle va, en tenant compte des modifications de temps et de lieu, chercher à maintenir le plus grand nombre de ses prérogatives et, en échange, elle défendra le nouveau statu quo social. Une réadaptation qui ne modifie pas essentiellement sa fonction. Ce ne sera pas sans mal ni sans dommage. Plusieurs Etats proclament la séparation avec l'Eglise, d'autres ne la reconnaissent plus que comme représentante d'une religion majoritaire. Dans la seconde moitié du XIX' siècle, les luttes prennent un tour d'âpreté, parfois de violence. Il s'agit pour l'Eglise, notamment, de conserver sa main-mise sur l'enseignement, donc d'influencer la formation des nouve,lles élites, ou du moins d'être autorisée à enseigner, et aussi de sauvegarder ses biens matériels. Les grandes polémiques de l'époque - fréquemment répercutées en Europe - témoignent d'un langage qui paraît aujourd'hui proche du délire. Ainsi, jusque dans les plus petites écoles libres ou dans les bulletins paroissiaux de la province française, le Président et dictateur de l'Equateur, le héros-martyr Garcia Moreno, est présenté comme le symbole de l'alliance entre la croix et l'épée. Comme dans cette lettre de Sa Grandeur Mgr Rey, évêque d'Anthédon, qui félicite le R.P. Berthe, auteur d'un ouvrage sur Moreno, vengeur du Droit chrétien : « Ainsi, l'histoire de Garcia Moreno fait-elle s'évanouir ces prétendues impossibilités d'appliquer le droit chrétien aux sociétés modernes et d'établir le règne social du Christ sur les ruines de la Révolution» (2 septembre 1887). Ou encore les diatribes 32.
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