----------·-------·--·-----------------. TCHECOSWVAQUIE commerce, dans une jovialité de ménagère, dans une conception provinciale du monde, fondée sur la toi en la bonhomie gén érale. J'en• tends par là l'esthétique dont l'axe central est le culte de la médiocrité joyeuse, de l'auto-satisfaction nationale figée, guid ée par le principe du ràpetissage et débouchant sur l'optimisme mensonger de l'interprétation la plus basse du mot d'ordre « la vérité vaincra 1» Rares sont aujourd'hui les œuvres littéraires basées sur l'idéologie du pouvoir politique et elles sont d'un point de v ue professionnel à l'évidence mauvaises. Pas seulement parce qu'il n'y a personne pour en créer, mais certainement aussi parce q u'au fond, paradoxalement, elles ne sont même pas encouragées par le pouvoir. Si de telles œuvres existaient, si elles étaient d'un bon n iveau professionnel et si quelqu'un les lisait, elles orienteraient par trop notre attention - du point de vue de notre conception actuelle, c'est-à-dire consommatrice, de la vie vers «l'extérieur», elles ravive raient des plaies, elles provoqueraient par leur caractère politique radical, des réactions trop politiques et extrêmes et remueraient des eaux qui doivent rester stagnantes. L'esthétique de la banalité est incompa,. rablement plus profitable aux intérêts véritables du pou voir : elle passe à côté de la vérité de façon beaucoup plus discrète , acceptable, crédible et la mentalité conventionnelle l'accepte plus aisément, ce qui lui permet de mieux remplir la tâche, qui confie à la culture la conception consommatrice de la vie : ne pas dérange r avec la vérité, mais tranquilliser avec le mensonge. Les créations de ce genre ont toujours été majoritaires. Mais jusque-là il existait toujours chez nous des failles par lesquelles une création, dont on pouvait dire que, d'une façon ou d' une autre, elle permettait une connaissance de soi humaine plus au thentique, atteignait le public. Ce type de création n'a jamais eu la vie facile chez nous. Certes, le pouvoir social, mais aussi la. mentalit é conven• tionnelle lui opposaient leur résistance, mais jusqu'à pr ésent elle réussissait finalement toujours, d'une façon mystérieuse et détournée, rarement dans l'immédiat, à atteindre l'homme et la société pour accomplir ainsi son rôle de révélatrice sociale de la cultur e. IL NE S'AGIT PAS d'autre chose et c'est cela qui me semble être le plus important. Il reste que c'est précisément cela que le gouvernement actuel a réussi à rendre totalement impossible. Po ur la première fois depuis le réveil national du XIX' siècle le système de contrôle bureaucratique de la culture est si précis, la s urveillance de toutes les failles, par où pourrait sortir à la lumière du jour une œuvre plus importante, est parfaite, si grande est la pe ur du gouvernement de l'art qui garde dans ses poches les clés de toutes les portes. Il est clair que Je ne parle plus en ce moment de l'index volumineux des auteurs totalement ou partiellement inter dits, mais d'un autre, bien pire : « l'index blanco » qui contient a priori tout ce qui pourrait faire naitre l'étincelle d'une pensée originale, un e connaissance plus pénétrante, d'une plus grande sincérité, d'une f orme plus 97
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