Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

TCHBCOSLOVAQUIE pour devenir, se.ns doute, aprè&<lema.in, un modèle d'honnêteté. Ce à quoi hier, nous refusions de nous accoutumer, ce que nous tenions pour impossible, aujourd'hui nous l'admettons sans nous en étonner. Et Inversement, ce qui auparavant allait de sol, est devenu aujourd'hui pour nous une exception et demain - qui sait - sera considéré comme un idéal inaccessible, Les changements de critères de ce qui est « natu,rel » et « normal », les décalages dans la conscience morale que notre société a connus au cours des dernières années sont plus importants qu'ils ne paraissent à première vue. Avec l'abrutissement croissant s'affaiblit aussi notre capacité de conscience. Comme si la maladie partait des feuilles et des fruits jusqu'au tronc et jusqu'aux racines. Ce sont les perspectives qu'offre la situation présente, qui constituent une source réelle d'inquiétude. La société se développe intérieurement, s'enrichit et se cultive par une conscience de soi toujours plus profonde, plus complète et plus différenciée. La culture est l'instrument privilégié de cette prise de conscience. Elle est un champ concret de l'activité humaine et affecte, par des biais divers, l'état spirituel qui, à son' tour, a un impact constant sur la société. Là, où la domination totale sur la société bloque entièrement son développement interne, différencié, c'est la culture qui est étouffée en premier lieu : non seulement «automatiquement», comme une chose qui de par son essence ontologique est l'antidote de toute notion de manipulation sociale, mais également de la façon « programmée », par crainte justifiée de voir la société prendre conscience de l'ampleur de son aliénation imposée par la force, en premier lieu par le biais de la culture. Celle-ci permet à la société d'approfondir sa liberté et de découvrir la vérité. Quelle importance peut donc lui attacher un pouvoir dont la base est précisément la répression de ces valeurs? Un tel pouvoir ne reconnait qu'une seule « vérité » : celle dont il a besoin sur le moment : une seule « liberté » : celle d'exprimer cette « vérité ». L'univers d'une telle vérité qui n'est pas le produit d'un climat dialectique de la connaissance véritable, mais des intérêts du pouvoir, est un univers de stérilité intellectuelle, de dogmes pétrifiés, d'une doctrine rigide et du bon vouloir pragmatique. C'est un univers d'interdiction, de limitation et d'ordre, où l'on entend par politique culturelle avant tout « l'action culturelle» de la police. On a déjà beaucoup écrit et parlé sur le degré étonnant de dévastation de notre culture contemporaine, sur les centaines d'écrivains et d'ouvrages interdits, sur les dizaines ..de revues interdites, sur la suppression de toute possibilité de publiér, sur la rupture de toutes communications avec l'état d'esprit ambiant, sur le vide des salles d'exposition, sur les formes multiples de persécution et ·de discrimination appliquées dans ce domaine, sur le démantèlement de toutes les associations artistiques existantes ainsi que des nombreux centres de recherche scientifique et leur remplacement par des simulacres gérés par un groupe agresstf et sectaire d'arrivistes notoi95

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