TCHECOSLOVAQUI~ Je vais essayer d'étayer cette affirmation. LA QUESTION fondamentale qu'il convient de se poser est pourquoi les gens se comportent-ils comme ils le font ; pourquoi font-ils tout ce qui globalement donne cette impression imposante d'une société totnlement unie, soutenant totalement son gouvernement? Je pense que la réponse est évidente à tout observateur impartial : il y sont conduits par la peur. Par crainte de perdre sa place, l'instituteur enseigne à l'école des choses auxquelles il ne croit pas ; par crainte pour son avenir, son élève les répète après hù ; de peur de ne pas pouvoir continuer Jeurs études, les jeunes adhèrent à l'Union de la Jeunesse et y font ce qu'il faut ; de peur que son fils n'obtienne pas lors des examens d'admission à l'Université le nombre de points suffisants dans le monstrueux système de notation politique, le père accepte les fonctions les plus diverses et fait «volontairement» ce qui est exigé. Par crainte de suites éventuelles, les gens participent aux élections, y votent pour les candidats proposés et font semblant de prendre cette cérémonie pour de réelles élections ; par crainte pour leur existence, leur situation et leur carrière, ils vont aux réunions, y votent tout ce qu'ils doivent ou bien se taisent. Par peur ils font des autocritiques humiliantes et remplissent faussement un tas de questionnaires humiliants. De peur d'ëtre dénoncés, ils n'expriment publiquement, parfois même pas en privé, leur véritable opinion. De peur d'atteintes possibles à leurs conditions de vie, par désir d'améliorer leur situation et se faire bien voir des organes supérieurs, les travailleurs dans la plupart des cas proclament des objectifs de travail ; les mêmes raisons les poussent à former des brigades de travail socialistes, sachant bien à l'avance que le but principal est que leur initiative soit rapportée aux organes supérieurs concernés. Par crainte, les gens assiste.nt aux commémorations, manifestations et défilés. Par crainte d'être empêchés de poursuivre leur travail, nombre de savants et d'artistes se réclament d'idées auxquelles, en fait, ils ne croient pas, écrivent des choses qu'ils ne pensent pas ou qu'ils s:i.vent fausses, rejoignent des organisations officielles, participent à des travaux dont ils ont la pire opinion, ou bien amputent ou déforment eux-mêmes leurs propres œuvres. Pour leur salut personnel, beaucoup vont jusqu'à en dénoncer d'autres, pour _des actes qu'ils avaient commis ensemble. IL NE FAUT pas prendre la peur dont je parle dans le sens .psychologique courant, à savoir comme une certaine émotion concrète : en général, nous ne voyons pas autour de nous des gens tremblants de peur, mais des citoyens à l'allure satisfaite et confiante. Il s'agit d'une peur plus profonde, au sens éthique : la participation plus ou moins consciente au sentiment collectif d'un danger permanent et omniprésent. L'accoutumance à cette menace est une composante essen17
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==