Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

INEVITABLE BUREAUCRATIE mes, l'itrespect ou le débordement des consignes syndicales sont vus comme des manœuvres scissionnistes. Loin de moi l'idée de valoriser par principe les actions de la « base i- : l'article de Sam Dolgoff (14) montrait bien comment elles peuvent s'accompagner de préjugés conservateurs ou racistes, comment la critique de bureaucrates peut se borner à les remplacer par d'autres. Mais que les intérêts des travailleurs leur soient communs ne slgnifle pas qu'ils doivent se reconnaitre tous dans une forme unique de représentation. Les organisations ne sont n1 universelles ni éternelles, et la « libre fédération des producteurs associés i, ne peut être que mobile et mulUple. La permanence des structures permet d'accumuler les expériences, les connaissances, les forces, les munitions ; elle accumule hélas aussi les scléroses et les lourdeurs. Ainsi le principe d'exclusivité rend les Internationales syndicales myopes et dures d'oreille pour ce qui se passe en dehors de leurs affiliées, hésitantes à soutenir des grèves sauvages ou des grèves menées par des syndicats concurrents et à accorder foi aux informations divulguées par des groupes autonomes. Le hiatus réside probablement dans le principe même: une organisation syndicale internationale, puisqu'elle défend les intérêts de la classe ouvrière mondiale, doit être nécessaire et suffisante ; c'est là que la bureaucratie est inévitable. Paradoxe dans la forme, paradoxe aussi dans les buts. La stratégie tace aux multinationales, pour reprendre cei exemple, vise à obtenir plus de contrôle pour les travailleurs : d'abord par des conditions de travail équivalentes d'une filiale à l'autre, :d'un pays à l'autre ; ensuite, par la particip_ation à la gestion, au capital, aux profits et au contrôle du fonctionnement des sociétés, par des places au conseil d'administration et des institutions paritaires, avec si possible le soutien de l'Etat et de ses ·lois. La rationalité du capital n'est mise en question tiue s'il se conduit mal : exploitant trop grossièrement des groupes de travallleurs (comme aux Indes ou en Afrique du Sud), réalisant des bénéfices trop exorbitants, mentant trop vis1Hlement, Pour garantir le plein emploi et des revenus suffisants, disent les syndicats, 11 faudrait mieux répartir les bénéfices ; cependant, quand vient la crise, les représentants syndicaux se sentent concèrnés par les problèmes de la rentabilité des entreprises et de l'indépendance nationale, et acceptent de négocier (14) ·« Rebell!on ln the Ranks», Interrogations (3), 1975. 43

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