MARIE MARTIN sur les comptes publiés dans les rapports annuels, et leurs trucages dévoilés par la comparaison des années et des comptes des succursales : ainsi on s'est aperçu que The Nestlé Company aux Etats-Unis ne payait pas d'impôts pour ne faire apparemment aucun bénéfice, grâce à un artifice comptable qui la rend pour longtemps débitrice de la société-mère en Suisse. Les conventions collectives sont épluchées et leurs clauses comparées, pour les rendre explicites et donner plus de force aux revendications et négociations locales. Les fermetures d'établissements sous prétexte de « conditions défavorables des marchés » sont dénoncées comme transferts de production vers des pays où la main-d'œuvre est moins coüteuse, moins organisée, moins revendicatrice. Lorsqu'une grève éclate dans un pays, les syndicats des autres filiales peuvent menacer de grèves de solidarité, refuser d'exporter des produits de substitution (avec l'aide indispensable des organisations des travailleurs des transports), intervenir auprès du siège central de la société, des directions locales ou des autorités politiques : la responsabilité de la société dans son ensemble est ainsi mise à jour, bien qu'elle jure généralement de l'autonomie des directions locales. Ainsi devrait se construire le « contre-pouvoir», la « riposte syndicale » aux sociétés multinationales. En fait, si les Conseils mondiaux· ont quelques beaux succès à leur actif, leur fonctionnement ne correspond pas précisément à leur ambition. La convocation des réunions· et la circulation de l'information sont lourdes· de formalisme, de centralisation et de considérations tactiques. Leurs membres sont des permanents de fédérations nationales, qui ont en leur sein une ou plusieurs sections dans des établissements de la société en question. Du travameur de l'établissement jusqu'au délégué au Conseil mondial, les paliers hiérarchiques sont nombreux et pratiquement !~franchissables: On ,µiarque d"une pierre blanche les jours où un délégué (venant généralement d'un syndtcat minoritaire) siège en compagnie de· travatlleurs à la production. Le poids des fédérations nationales n'est pas toujours relatif à l'implantation des sociétés dans le pays ni au degré d'organisation, mais tient à la situation sociale générale du pays : les Suédois peuvent exercer un droit de veto· sur les membres étrangers des conseils d'administration, des multinationales, tandis que les syndicats d'Afrlqu~ occlclentale delvent encore obtenir la reconnaissance légale pour être admis à la tabi~ de négociations ; en Italie, les syndicats tablent sur la participation étatique dans les grandes sociétés pour réduire les déséquilibres régionaux et assurer le plein emp~oi ; · aux 40
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