Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

La délégation des pouvoirs L A REPRÉSENTATION des intérêts n'est qu'une fonction dans la superstructure : il ne peut y avoir de représentation sans raison, sans mandat. Mais l'utilisation même de ce terme, superstructure, introduit l'autre aspect de cette fonction, qui est qu'elle est dévolue presque toujours à des permanents, à des « fonctionnaires i>, à des unton officials. Ce sont eux qui détiennent le discours et le pouvoir, ce sont eux les interlocuteurs : les débats, les négociations, les prises de décisions se passent entre représentants des travailleurs - mieux encore: entre délégués d'organisations représentant les travailleurs ... Le discours, le pouvoir, ils les détiennent parce qu'ils ont le Savoir : vue d'ensemble des problèmes de la profession et de la production, connaissance des entreprises, de leurs résultats et de leurs ramifications, tri des informations à diffuser, évaluation des rapports de force et des choix politiques. Or la représentation est pratiquement devenue une fin en soi. Au niveau confédéral ou international, c'est bien connu, les dirigeants syndicaux passent une bonne partie de leur temps à siéger, au nom des travailleurs, dans des conférences, séminaires, commissions ou conseils où règne le discours, où se dissout la quotidienneté du travail, de la souffrance, des luttes. (Encore qu'il faille. introduire des nuances : il existe des syndicalistes qui ont cessé de croire au décorum des emplois consul-· tatifs auprès d'instances officielles, en particulier internationales.) Et leur polyvalence est remarquable : dans les instruments internationaux, par exemple, on· voit les mêmes personnes parler non seulement de multiples secteurs d'industrie - bien qu'ils soient hors de la production depuis belle lurette, s'ils y ont.jamais été - mals aussi parler au nom des femmes, des émigré~, des manœuvres et des cadres, des chômeurs et des tra- · vailleurs en, équipe, des invalides et des retraités. Comme ils &ont·délégués, leur parole mérite confiance ;· plus les effectifs de leur organisation sont nombreux, plus elle a de poids.· En outre, ils sont éternels : si en principe les secrétaires sont élus par les congrès, en pratique ils sont très souvent élus et réélus sans programme, sans mandat des électeurs, pour des raisons politiques ; et s'ils ne peuvent statutairement continuer à occuper leur poste, on leur trouve un autre emploi dans la maison; ou- ils passent à un autre secteur. (9) , . (9) Des exemples britanniques chez Mark Fore: G.M.W.U. Scab Union, Solidarlty Pamphlet, 1970. 37

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