Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

La formation S I L'ÉMANCIPATION des travailleurs doit être l'œuvre des trava1lleurs eux-mêmes, 11faut que ceux-ci aient une conscience suffisante de leur force, une solidarité pratique et permanente entre eux. C'est là la première fonction des syndicats : la formation des membres et des responsables pour l'acquisition d'une culture ouvrière, d'une connaissance de l'histoire du mouvement ouvrier et des mécanismes de l'économie, et l'établissement de syndicats dans toutes les usines et ateliers. L'acquisition des moyens de lutte se fait, elle, dans la lutte : on n'apprend pas à faire grève, on la fait, et les militants sont plutôt formés à freiner le désir de détruire qu'à le susciter. Les principes de la formation syndicale ne sont a priort ni viciés, ni subversifs. Elle peut mettre des œillères et distiller des slogans comme ell~ peut accroitre la capacité d'analyse et la lucidité en matière sociale et économique, introduire le doute sur la limpidité de ses objectifs mêmes. Le paradoxe réside ailleurs : dans la capacité d'intégration, par les syndicats, de groupes minoritaires à la société. Ils peuvent s'y refuser longtemps, comme les syndicats américains qui n'admettent que des membres à la peau blanche, comme ceux qui ne publient leurs circulaires et leurs informations que dans la langue du pays. Tôt ou tard les groupes non représentés socialement se mettent néanmoins à présenter un danger par leur concentration dans certains emplois, par leurs revendications maximalistes, leur auto-organisation, leur poids économique et l'ut111sat1on que peut en faire le patronat. C'est alors que les syndicats prennent le relais des organisations philanthropiques et des groupements hétérodoxes. Ils peuvent y réussir ou non. L'exemple le plus frappant est celui des émigrés - que ce soit au début du siècle en Argentine ou aujourd'hui en Suède - dont le syndicat assure l'apprentissage de la langue et des coutumes du pays, l'adaptation de leur formation professionnelle aux exigences locales. Aujourd'hui, un des thèmes importants de la propagande syndicale est l'organisation des femmes au travail et des jeunes travailleurs, groupes relativement peu intégrés aux mécanismes du pouvoir et qui représentent une partie significative de la force de travail. Les salariés de ces deux groupes affichent une indifférence certaine à l'action syndicale comme à d'autres formes d'engagement socio-politique dans les institutions, et les syndicats comme l'Etat supportent mal de les voir rester extérieurs à leur fonctionnement. Sous un alibi démocratique, on m111tepour la promotion des femmes et des 34

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