MARIE MARTIN d'un système de décision. La question qui se pose - l'hypothèse de l'anarcho-syndicalisme étant pour le moment écartée - c'est de savoir si l'institution est originale ou calquée sur les modèles dominants ; où se faufile la bureaucratie, si elle est inhérente au projet syndical même ou si elle en est une détérioration ; si les syndicats actuels sont contre-révolutionnaires ou remplissent adéquatement leur rôle réformiste. Pour travailler depuis quelques années aux abords d'un mouvement syndical international, j'en ai acquis une certaine compréhension, j'y ai révisé mes connaissances historiques et théoriques. De grosses lacunes subsistent, qu'il peut être difficile de combler sans une participation plus intense au travail de l'organisation ; mais cela impliquerait une identification avec ses tâches et ses buts à laquelle je me refuse. De là aussi, peut-être, l'hétérogénéité des plans de ma critique. Un réformisme originel IL Y A un siècle, les premiers syndicats s'appelaient souvent « sociétés de résistance » - résistance à l'explottatlon et au paternalisme. Il s'agissait de conquérir un territoire où se développeraient une pensée autonome, une liberté de mouvements, des institutions propres. Il s'agissait aussi d'acquérir des armes, et dès l'origine celles-ci furent de deux sortes : les armes propres à la classe ouvrière - grève, sabotage, boycott - et les armes que l'on voulait prendre à la bourgeoisie - instruction, statistique, défense juridique et économique. Mals les sociétés de résistance n'étaient généralement pas considérées par les mmtants comme les noyaux de la société future ni comme le moteur de la révolution (3) : c'est plus tard que le syndicalisme révolutionnaire se constitue proprement en idéologie, en institution totalisante où se prépare et se réalise la révolution (4). Les syndicats d'obédience communiste, social-démocrate, a fortiori chrétienne n'ont jamais, à ma connaissance, été consi- (3) Voir à ce sujet les débats aux congrès de la Première Internationale, en pa.rt.\culier celui de Bruxelles en 1874. (41 Nettlau, à plusieurs endroits, remarque que la naissance du mouvement syndicaliste révolutionnaire coïncide avec la montée de t'illégallsme anarchiste (en France, le tournant daterait de 1894) ; 11 y volt non pas deux mouvements antipcdiques, mais deux formes du communisme anarchiste, l'exclusivisme de l'un (le syndicalisme se suffisant à lui-même) allant de pair avec l'abondancisme de l'autre (la prise au tas>. 32
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