Syndicalisme international : l'inévitablebureaucratie MariaMartin * DANS le mouvement anarchiste, le débat sur la question syndicale ne date pas d'hier. Dans les milieux gauchistes, aujourd'hui, il est de bon ton d'être énergiquement pour ou contre les syndicats. Si l'on est pour, c'est parce que c'est là que se rencontre La Classe, et que l'on pense pouvoir transformer de l'intérieur un instrument détérioré ; ou encore, par anarcho-syndicalisme, parce que le syndicat serait la base de la. société future. Ceux qui sont contre traitent les syndicats de bureaucratie pourrie, ils y voient les mellleurs gestionnaires du capitalisme. On peut dire qu'historiquement les syndicats ont changé, corrélativement à l'évolution du capitalisme et des formes d'entreprise (1), ce qui pourrait faire conclure qu'il y a eu de bons syndicats mais qu'ils ont dégénéré. En vérité, l'organisation syndicale - au même titre que d'autres institutions ou partis - revêt en permanence une double fonction, de formation et de gestion, et les contradictions résident dans les divers aspects mêmes de ces deux fonctions: défense des intérêts des travallleurs, riposte à l'exploitation, négociations collectives, mise en place d'institutions autogérées, toutes les luttes quotidiennes s'inscrivent contradictoirement entre le désir de conquête et la défense des acquis, entre l'abolition du salariat et le maintien du pouvoir d'achat et du plein emploi (2). Pour mener à bien ses fonctions, le syndicat a besoin d'un appareil administratif et • L'auteur se présente dans le texte. (1 \ Sur ce thème, voir la brochure très discutable de Matériaux pour l'intervention : Les ouvriers contre l'Etat, refus du travail, Paris 1973, qui s'inspire largement des travaux italiens de Sergio Bologna et Mario Trontl. (2) Communauté de travail du CIRA: Composition sociale du mouv&- ment anarchiste, Lausanne 1972 (non publié), et « L'intégration imaginaire du prolétariat», La Lanterne noire (2), 1975. 31
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