Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

ARMEE PORTUGAISE n'ont plus droit au pouvoir, les généraux, qui leur sont apparentés, n'ont plus d'autorité de principe ... Ce qui ne veut pas dire que l'armée n'a plus de raison d'être. Au contraire : elle qui était l'affaire de quelques-uns, d'une classe, dont elle était censée protéger les privilèges, tout en se donnant comme universelle, tend à devenir l'affaire de tous, plus présente que jamais, envahissante. Pour se sauver elle-même de l'oubli, ou de la destruction, elle colle au « peuple souverain », prête à donner à chaque citoyen un fusil. Pour que cette opération se justifie, il faut pourtant que l'ennemi soit désigné à c;haque citoyen ainsi armé : c'est l'ennemi intérieur, dans le cas portugais, la Réaction, omniprésente elle aussi, et fabriquée au besoin. Le M.F.A. est « de gauche », au sens où il exprime, pour des raisons d'opportunité et de circonstance, cette tendance historique à la démocratisation militaire. Composé au départ de quelques centaines d'officiers intermédiaires, il se donne cette vague et encore discrète structure qu'est la commission de coordination du programme de laquelle surgiront les figures «marxistes> de l'armée. Ni le M.F.A. ni la commission ne sont pourtant à proprement parler communistes, ou gauchistes ou socialistes, mais il est notable que seuls des représent'ants, « politisés >, de ces èff vers courants dans chacun de ëes organes soient parvenus. à les dominer pour leur offrir un débouché politique. On a diffusé à profusion ces images d'officiers portugais lisant Marx dans les temps morts de la guerre coloniale. Il est vrai que ceux qui lisaient Baudelaire ou qui ne lisaient pas du tout ne préparaient pas exactement le lit de l'aprèsfascisme, aussi lâissèrent-Hs aisément la place, à l'aube des jours heureux, à ceux qui avaient pensé la nouvelle société. Avant' de pre'ndre des positions politiques plus précises, des hommes tels que Salgueiro Mala, ou Otelo Saraïva de Carvalho, ou Ramalho Eanes, qu'on nomma les «opérationnels», commencèrent donc par laisser le champ libre aux Antunes, Crespo, Gonçalves, qu'on nomma les « politiques ». Plus tard, lorsque des divisions apparurent entre ces deux groupes et dans !eùr sèin même/â.u gr_é des développements poliilqÛes, il y eut toujours quelque ofl'lcter pour dénoncer les tentatives de manipulation des militaires par les partis politiques plutôt que les propres erreurs des mmtaires. Et quand, à la mi-novembre 1975, Otelo Saraïva de Carvalho et Vasco Lourenço devinrent les symboles respectifs de deux projets politiques opposés et contradictoires, l'un révolutionnaire et gauchiste, l'autre « socialdémocrate >, les deux hommes ne cessèrent pas de déclarer 23

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