Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

ARMEE PORTUGAISE M. de Spinola de sauver les monopoles et le grand capital auquel, disent-ils, il est lié, et sur son refus obstiné de donner l'indépendance aux territoires d'outre-mer. Parce que la droite civile organisée n'existe pour ainsi dire pas, ou plus, qu'elle se cache, cette vision n'est contredite par personne et devient la vérité nationale. On verra même le Parti Popula.ire Démocratique, dont le secrétaire général, Sa Carneiro, est entraîné dans la manœuvre de Spinola, hésiter à condamner publiquement son principal leader ! La gauche, alors, est extraordinairement puissante; elle semble résumer à elle seule le pays, prête à éngager les réformes qui apparaissent nécessaires et évidente;s à tous. Spinola, dont le portrait est affiché dans bien des maisons portugaises, a certes une popularité qui pourrait concurrencer celle des partis de gauche, mais son prestige vient de l'homme seul, dont on regrette qu'il ait des amitiés aussi peu !ecommandables. Pendant les dix premiers jours de juillet, la situation est tendue, bloquée sur le plan civil. L'armée doit trancher. On compte les chars de part et d'autre de chaque camp. S'il n'obtient pas gain de cause, Palma Carlos démissionnera. Il démissionne en effet, l'armée dans son ensemble ayant dit non à ce Spinola dont elle pense qu'il a un peu trop le goftt du pouvoir personnel. Elle n'admet pas qu'il apparaisse lié à l'un de ces fameux « quelcpnques groupes'> dont elle honnit le particularisme, dans ce cas « le grand capital '>, lequel, par dessus le marché a mauvaise réputation auprès des amis qu'elle vient de se donner. Un autre élément contribue certainement à motiver le refus des militaires· de favoriser le jeu de Spinola: ce dernier s'est affiché hostile à la décolonisation rapide qui s'engage et qui promet de libé'rer soldats et officiers de l'ingrate obligation des guerres coloniales. Tout ce beau monde devient donc très rapidement peuple et, de peuple colonisé à peuple exploité et à peuple opprimé, on fraternise sur le ton de la libération et du socialisme contre tous les aristocrates et bourgeois de l'ancien monde. Splnola fait les frais de la fête, étant comme 11est, le dernier à pouvoir la comprendre. Il marchande cej)en- . dant : son Premier ministre écarté, il veut en nommer ùn autre, à lui, .Firmino Miguel, un colonel cette fois-ci, qui le reconcmera avec l'institution militaire. L'armée refuse et s'en choisit un, parmi Jes siens, mais d'une autre nature et qualité : c'est Vasco• Gonçalves. La deuxième période commence, qui durera jusqu'en septembre de l'année suivante. 21

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