JOELLE KUNTZ avaient mollement laissé l'institution se faire honte à ellemême, mais ceux qui avalent remué, qui avaient c mérité > leur gloire par des actions d'éclat, les généraux de la c Junte de Salut National», coiffés par le plus prestigieux d'entre eux, Spinola. Ce dernier a été le seul qui ait c réussi > quelque chose en Guinée : au prix de l'utilisation des moyens de guerre les plus violents que l'armée portugaise ait engagés en Afrique, il a « pacifié » le territoire tout en cherchant à mettre en place la relève politique locale, par des conversations avec Cabral notamment. Il a été à la fols le plus militaire et le plus politique des généraux tandis que les autres ne sont ni l'un ni l'autre. Avec lui, l'armée peut avoir confiance : il a un projet, qu'il conduit seul pourtant, en président de la République bien plus qu'en général, au-dessus de ses pairs, si au-dessus même qu'ils ne lui pardonnent pas tant « d'aristocratie >. Laissons à part, autant que faire se peut, pour cette analyse, les aléas de la vie politique générale, et les incidents de la lutte que Spinola mène dès l'entrée contre le Parti communiste et de laquelle 11sort perdant. Attirons plutôt l'attention sur les rapports qu'il entretient avec les militaires et remarquons, dans cette perspective, que l'événement majeur qui le fait échouer est le refus de l'armée de cautionner sa volonté de se faire élire, début juillet, président de la République au suffrage universel (11n'était jusqu'alors que président nommé et n'avait pour lui, en conséquence, que la légitimité, fragile, de ses prises de position le 25 avril). Ce qu'on a appelé c la crise Palma Carlos», à la mi-juillet 1974, éclaire en effet fort bien, pour autant qu'on cesse de la réduire à une lutte entre la droite et la gauche, la dynamique militaire du moment. Face à l'explosion du mouvement social et revendicatif, la droite civile, représentée alors au gouvernement par des personnalités indépendantes telles que le Premier ministre, M. Palma Carlos, et un tout jeune parti, le Parti Populaire Démocratique, dirigé par M. Sa Carneiro, réclame une concentration des pouvoirs dans les mains du Premier ministre et l'élection du président de la République au suffrage-universel, ici et maintenant (l'élection d'un président était prévue, dans la première charte constitutionnelle, pour beaucoup plus tard). La première crise politique est ouverte. Les partis de gauche, qui s'opposent catégoriquement à cette modification substancielle du programme du Mouvement des Forces 'Armées, expliquent alors, dans des journaux qui leur sont presque entiè- ·~ent dévoués, que cette tentative repose sur la volonté de 20 • 1
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==