ARMEE PORTUGAISE Le projet politico-militaire du général Antonio de Spinola consiste à réformer les institutions de manière à perfectionner l'intégration d'une nation qui va de Braga jusqu'à Lourenço Marques en passant par Lisbonne, Luanda, Bissau, Macao et D111.Qu'll faille pour cela l'intervention de l'armée n'est pas étonnant: le salazarisme et le caetanisme n'ont pas de « base sociale », le parti unique est un repaire de caciques et de notables, l'édifice institutionnel du corporatisme s'écroule sous les coups de boutoirs conjugués du syndicalisme oppositionnel et du capitalisme libéral qui se développe intempestivement depuis quelques années. L'opposition portugaise, pas plus que l'opposition nationaliste dans les colonies, n'a à elle seule la force d'asséner les coups mortels au régime. L'armée saura donc une fois de plus jouer avec ce qu'elle entend, elle, par nation, au gré des opportunités et de ses propres besoins. Est-elle de gauche? Question mal posée ! En 1926, l'armée entend restaurer la République (de gauche à l'époque) en mettant en place des méthodes et du personnel de droite, ce qu'elle ne se pardonnera d'ailleurs jamais complètement. En 1974, elle commence par vouloir réformer le caétanisme et le libéraliser en mettant en place des méthodes et du personnel de gauche : il n'y a pas de miracle, ça ne marche pas mieux ... Spinola, pourtant, ne peut faire autrement que de subir le retour du pendule : s'il veut rétablir la démocratie pour faire plébisciter l'armée salvatrice et faire accepter la solution politique du problème colonial qui la sortira du bourbier dont elle porte malheureusement l'insupportable responsabilité, il est bien obligé d'autoriser les seuls partis politiques existants, et ils sont de gauche. La droite, cette imprudente, n'avait pas pris soin de s'organiser avant, elle disposait de l'Etat, ce qui lui paraissait suffisant, et un seul parti, qui se brisa comme une vieille coquille. Spinola, en outre, se préoccupe fort peu de l'armée en tant que telle, se bornant à laisser la vieille garde disparaître d'elle-même. Même si l'on parle, sous son règne, de la nécessité de restructurer l'institution militaire, de remplacer par exemple la hiérarchie des âges et des privilèges par une hiérarchie des compétences, on ne fait rien, à cette époque, qui donne à l'armée un rôle politique précis. Celle-ci passe au contraire son temps à se féliciter de sa gloire et demande aux partis nouvellement autorisés de la remercier. Un brin de son ancien ordre interne a certes été touché : les généraux qui figurent sur les portraits de famille ne sont plus ceux Stii ,. ,
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