JOELLE KUNTZ ment des Forces Armées) qui le porte et qu'il développe. Lieutenant-colonel nommé général en même temps que Premier ministre, en juillet 1974, il frôle l'instauration d'une dictature mllitaire populiste, à cette nuance près qu'il est acculé, pour finir, à ne faire que la politique exclusive d"un parti, le Parti communiste, et qu'il est dispensé par là de mettre en place les organes de collégialité militaires par lesquels les officiers intermédiaires qui composent ce M.F.A. pourraient exprimer une politique autonome, la leur. La cinquième division, chargée de la propagande., les assemblées générales des unités ou du Mouvement, et en partie le Conseil de la Révolution ne sont en réalité que les courroies de transmission de la machine communiste. C'est d'ailleurs exactement ce qui les perdra, en septembre 1975. Dans la foulée de ce populisme militaire, en surgit un autre, plus national, « de gauche » encore, mais épuré de toute attache partisane, même s'il use de l'action de certains partis pour se faire voir et valoir. Melo Antunes le dirige, comme idéologue politicien bien plus que comme officier: il n'est d'ailleurs que commandant et entend le rester, tant le sens d'une collégialité égalitariste l'imprègne encore. Melo Antunes est inséparable du « groupe des neuf », populiste à sa manière, maitre pour un temps bref d'une situation où les partis ont regagné des mérites auprès des militaires, lesquels sont bien obligés de leur payer leur dü. Cette tentative de renouveler l'alliance entre le peuple - plus diversifié désormais, c'est-à-dire moins contraint - et le M.F.A., plus national, manière d'adoucir ce que Gonçalves avait hypostasié, échoue pourtant sous la pression conjuguée des partis centristes et des militaires fatigués. Ramalho Eanes apparaît à la lumière des spots publicitaires, il est général et le montre sans vergogne, chef non plus d'un groupe ou d'un mouvement, mals d'un état-major, celui de l'armée de terre. Le voici supérieur hiérarchique, ayant formellement le dernier mot sur des adjoints qu'il consulte en principe selon les règles de préséance. Eanes, en outre, « ne fait pas de politique », il se retranche dans l'obéissance aux organes démocratiques de souveraineté, avec un civisme inquiétant pour être forcené et surtout si imprévu. Eanes ne « s'appuie » pas sur les partis comme avait pu le faire en son temps un Spinola (encore qu'à la manière distinguée d'un président cherchant ses interlot;uteurs), Eanes donne l'air de ne pas se préoccuper des partis, de garder envers eux quelque noble distance, un peu comme si, après l'orgie d'amour que furent les alliances Peuple-M.F.A., chacun sentait le besoin de se retirer pour respirer. 18
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