Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

ARMEE PORTUGAISE Les guerres coloniales sont une tentative de maintenir un empire dont le sens, pourtant, se perd. Les forces armées accomplissent, en les conduisant, une mission nationale qui parait résulter encore d'un vague consensus : 11faut d'abord éliminer les rebelles, pour ensuite organiser autrement et mieux les relations des colonies avec la métropole. Mais les choses trainent, dix ans, douze ans, treize ans. C'est beaucoup de temps, trop sans doute, pour que chaque commandant général de chaque région mllltalre ou de chaque colonie ne se prenne pas à. mijoter, chacun de son côté, une idée bien à lui, sur la manière de poursuivre l'action, et pour que de ce cafou1llage général, les officiers subalternes, tiraillés de-ci, de-là, ne sentent pas quelle paralysie avance et quelle honte s'abat sur la corporation mil1taire. L'armée est colonialiste ? Mais il y a tant de façons de l'être, de Costa Gomes, accusé de faire sauter un bateau yougoslave qui apporte du matériel de guerre au PAIGC, à Spinola, soupç.onné de s'entendre avec Amilcar Cabral (avant que celui-ci ne soit assassiné), à Kaulza de Ariaga, enfin, qui maintient la llgne pure et dure de la civlllsation Judéo-chrétienne en Afrique. Qu'il y ait, dans cette confusion, quelques généraux ou officiers supérieurs qui en arrivent à dire non tout court au colonialisme ne tient pas du miracle, mais du cours naturel des événements. De qui donc l'armée portugaise recevra-t-elle enfin l'inspiration colonialiste ou néo-colonialiste, elle que son action guerrière a divisée en autant d'opinions qu'll y a de généraux en Afrique ? Salazar, cette manière de rassembleur, est mort. Caetano n'a guère de pouvoir réel et ses velléités réformatrices, pour sincères qu'elles soient, finissent toujours dans de banales et triviales opérations de pollce. Dans les casernes coloniales, le sentiment cuisant de l'échec se répand. Soldats et officiers n'ont pas seulement « consenti > à la guerre, ils l'ont crue au moins utile, pour autant qu'il en résultât pour eux des bénéfices, pour la nation un avenir. Mals l'armée, qui aime tant à se faire élire, ou plébisciter, même si c'est pour suivre ensuite une politique qui n'émane pas d'elle directement, est en crise, et les moyens qu'elle choisit pour en sortir relèvent des habitudes qu'elle a prises depuis longtemps : elle en référera le 25 avril 1974 à un souverain que l'Etat ne résume pas, le Peuple, lequel lui rendra une légitimité dont elle est frustrée; et elle choisira Spinola comme médium provisoire entre elle et lui. Si c'est par néo-colonialisme interposé que l'armée peut 15

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