Interrogations - anno III - n. 7 - giugno 1976

ARMEE PORTUGAISE la fois qu'elle ne fut jamais assez forte pour être souveraine toute seule, et se passer des hommes politiques proprement dits, et jamais assez homogène pour obéir entièrement aux vœux et desiderata d'un seul homme, tout providentiel ait-il été. On ne disculpera pas ainsi l'armée portugaise d'avoir endossé de la sorte une politique fasciste, mais l'on tentera de comprendre cette espèce de permanente hostilité dans le jeu des rapports entre militaires et civils, qui, bien que camouflé chaque fois et de façon adéquate sous un épais verbiage trompeur de droite, ici, et de gauche là, n'en a pas moins continué de conduire la révolution et ses contre-révolutions successives. Comble de surprise, d'allleurs, s'il fallait s'étonner de la prétention des militaires, c'est un général, Humberto Delgado, membre régulier d'une armée régulière, qui, en 1958, met le pouvoir de Salazar en danger, pour la première fois depuis 1928. Par la voie la plus régulière du monde: en se présentant simplement aux élections présidentielles et en déclarant, à l'orée de sa campagne électorale, à quelqu'un qui lui demande ce qu'il fera du président du Conseil, Salazar, s'il gagne les suffrages : « Et bien, je le démettrai...» Salazar, qui honnit la République et méprise la démocratie, tout en étant bien forcé de faire avec elles, saisit ce que son jeu a de fragile : Delgado gagnant aura à coup sftr l'armée avec lui, c'est-à-dire que cette institutiQn chargée de figurer la souveraineté populaire dans son régime peut très bien en devenir le soutien. Salazar a-t-il des moyens de riposte ? Ce ne sont pas des officiers qui lui offrent, alors, leur aide, mais des juristes et des policiers : tandis que l'armée reste attentive, attentiste, continuant d'en référer au semblant de suffrage qui lui dictera sa voie. Les élections sont truquées, les réunions de propagande empêchées, les résultats, dit-on, inversés, l'élection du président au suffrage universel supprimée sans autre forme de procès et Delgado, quelques années plus tard, parce que ces choses ne s'oublient pas, assassiné. Entre temps, l'armée aura été envoyée en Angola « et en force, et commence à avoir d'autres chats à fouetter que ces petits problèmes de vie intérieure. Une certaine souplesse ... 0 N CHANGE de scène et le décor s'élargit. En 1961, le Portugal perd Goa, bêtement, dit-on, ou plutôt honteusement, sans combattre. Qui est responsable de quoi ? Salazar maudit ses 13

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