NICOLAS FAUCIER (celui de la bonne époque, c'est-à-dire avant de devenir le tortueux politicien que l'on sait), Il importe d'exposer le cheminement par lequel Saint-Nazaire devait atteindre son niveau économique actuel. On en mesurera la rapidité par les données de la croissance de la population, la ville moderne actuelle comptant 65 000 habitants, alors qu'en 1850 Saint-Nazaire n'était qu'un village de 3 000 âmes où le vieux môle n'abritait que quelques bateaux de pêche. Certes, la destinée première de Saint-Nazaire avait été de servir d'avant-port à Nantes. Or son développement intensif avait effrayé la grande cité patronne de s'être ainsi donné une rivale. Aussi Saint-Nazaire grandit dans une atmosphère de défiance vis-à-vis de Nantes dont l'antagonisme subsista longtemps, bien au-delà des trois événements qui allaient en marquer le démarrage foudroyant. La naissance de l'industrie EN 1850, l'augmentation du tonnage des navires rendant l'accès de Nantes par la Loire malaisé, c'était la naissance du port par la mise en service de son premier bassin dit « Bassin de Saint-Nazaire :D. En 1857, l'inauguration du chemin de fer qui rattachait la petite localité au reste du pays. Enfin, la décision gouvernementale ayant été prise de faire de Saint-Nazaire un port d'attache des lignes postales transatlantiques des Antilles et de l'Amérique Centrale, celui-ci devint un port de voyageurs assez actif, un port d'importation de denrées coloniales et d'exportation de produits métropolitains. La Compagnie Générale Transatlantique (des frères Péreire, banquiers, à qui Napoléon III n'avait rien à refuser), exploitant déjà les lignes du Havre et de Bordeaux, avait été chargée de l'opération et avait dü, pour ce faire, commander des navires en Angleterre ; elle trouva plus avantageux de faire fabriquer elle-même ses moyens de transport. A cet effet, ne trouvant aucune entreprise nationale capable de réaliser un important programme de construction, la Compagnie traita, en octobre 1861, avec une firme écossaise spécialisée, la construction, en France, de cinq paquebots qui devaient être mis en cale dans des chantiers que les constructeurs ouvriraient à leurs frais. L'emplacement choisi fut la presqu'île de Penhoët, dont la Compagnie obtint la concession. En un an, furent aménagées quatre cales de radoub d'où sortirent, de 1862 à 1866, non plus 6
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