Interrogations - anno III - n. 6 - marzo 1976

NOUS CHERCHONS... A mesure que notre effort de connaissance des phénomènes caractéristiques de notre époque se poursuit, effort encore bien insuffisant en regard de la nature et des dimensions de ces phénomènes, surgissent des questions qui intéressent et conditionnent directement le militant. II s'agit pour ce dernier de choisir, compte tenu des formes et du fonctionnement de la société dans laquelle il vit, la méthode d'action et le mode d'organisation qui lui permettront d'œuvrer utilement. L'exaltation du passé, la répétition mécanique des formules d'hier peuvent en effet conduire le camp anarchiste au musée. La naissance ou la renaissance continue de manifestations d'esprit et de signification libertaires n'exempte pas les militants de l'indispensable réflexion, du courage de la lucidité, même !li ces manifestations, partout dans le monde, nourrissent ses convictions. Aux questions qui conduisent au choix, correspond un nécessaire travail qui ne peut être mené que par les militants eux-mêmes. Travail de réflexion, sur les expériences accumulées certes, mals aussi sur les données nouvelles. Commençons par la maladie endémique du mouvement anarchiste : la transformation courante, quasi automatique des groupes - par définition instruments d'intervention - en mini sociétés closes, menant une existence qui finit par relever davantage de la psychanalyse que du mouvement social. Continuons par la recherche, dans des situations bien déterminées, des voies et moyens de ce que l'on peut appeler une « politique » anarchiste, c'est-à-dire une perspective générale pour les Interventions du courant libertaire. En Espagne, au Liban, en France, aux Etats-Unis, en Bulgarie, en Australie, au Pérou. Ce qui revient à savoir à quoi nous servons et à donner un sens à nos activités, en dehors des médiocres querelles de légitimité ou d'affiliation. Ce qui permettrait de mesurer le poids réel et les rôles possibles de notre nouvement. Poursuivons par le besoin res!jentl de nous distinguer d'une « gauche » de. plus en plus annonciatrice et préparatrice d'un nou- "eau pouvoir, moteur d'une nouvelle classe dirlreante. De ne pas nous considérer « plus à gauche » - c'est-à-dire criant plus fort et cognant plus sec dans les cortèges des autres - mals différents. Et terminons, très provisoirement, pa.r l'interrogation cruciale : la poursuite d'une soçlété libertaire ne slgnifle-t-elle pas la rupture totale avec les systèmes de production hautement technifiés, avec les méthodes de développement concurrentiel, pratiquées tant à l'Ouest qu'à l'Est ? Le gigantisme des entreprises ne rend-il pas impossible une société non hiérarchisée ? Voilà les thèmes que nous voudrions aborder. Disons étudier, analyser, et non, ce qui serait trop facJle mals vain, traiter par généralités, principes ou références. Car au bout de l'analyse doit surgir naturellement le « Que faire ? » L.M. V. 3

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