Interrogations - anno III - n. 6 - marzo 1976

REVOLTES PAYSANNES ments dans la centralisation des pouvoirs, associés à un certain état du paysannat, celui où domine une masse de petits producteurs récemment libérés de formes de servitude, qui soient favorables à l'éclatement de mouvements d'essence libertaire. Car il y a une parenté, par delà les idéologies, entre des mouvements comme ceux qui éclatèrent en France du 17' au 19' siècle, les soulèvements russes entre 1902 et 1921, ou la Christiade au Mexique et ceux, récents, de Bolivie : tous sont ant1f1scaux et antiétatiques et visent à « récupérer au profit des villages une partie du pouvoir détenu par la société englobante ; elles visent à diminuer aussi, voire à annuler certains des prélèvements qu'effectue celle-ci, (6). . Il se trouve aussi que ces deux révoltes boliviennes récentes restent localisées dans des zones relativement circonscrites et qu'elles ont de la peine à gagner le reste de la campagne. Le champ privilégié de la révolte de 1968 est le Nord de l'Altiplano, celui du mouvement de janvier 1974, la vallée haute de Cochabamba.. Certes, l'éloignement, la difficulté des communications y sont pour quelque chose, mais à mon sens 11subsiste un fossé culturel qui fait que les uns ne se sentent pas concernés autant que d'autres par des mesures qui pourtant visent l'ensemble du paysannat. Aussi des mouvements s'étalent en tâche d'huile jusqu'aux frontières de zones qui constituent une sorte d'espace connu, unifié socialement et culturellement, qui semble préfigurer ce que pourraient être des territoires autonomes, à l'échelle de la vision paysanne. Autrement dit, ces mouvements - comme ceux qui ont été cités précédemment - ne visent pas l'occupation de l'appareil d'Etat comme instrument qui léur permettrait d'arriver à leurs fins. Tout se passe comm~ s'il y avait une harmonie entre le but poursuivi qui est l'annulation de certains pouvoirs d'Etat et les moyens que les paysans se donnent pour aboutir. C'est d'ailleurs pourquoi ils sont toujours vus comme des échecs par tous ceux qui ne pensent les victoires qu'en terme d'occupation du pouvoir d'Etat. En guise de conclusion DEUX révoltes paysannes boliviennes ont servi ici de prétexte à un début de réflexion sur la signification d'un ensemble de mouvements paysans contemporains dirigés contre l'Etat. (6) Emmanuel Leroy Ladurie, Encyclopedia Uruversal!s, ClvilllaUoD Rural~, vol. 14, p. 515. 43

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