Interrogations - anno III - n. 6 - marzo 1976

GASTON DAUVAL mllée dans la conscience paysanne à un impôt indirect. Les deux mouvements visent donc l'Etat comme agent de décision de leur vie matérielle, non pas encore l'Etat-machine anonyme, mals l'Etat,-personnifié par le chef du gouvernement, que l'on n'hésite pas à lapider en 1968 et auquel on tient à s'adresser personnellement pour essayer d'infléchir la décision en 1974. C'est dire que ces mouvements signifient à la fols la montée de l'Etatclasse dont parle L.-M. Vega et la lutte de petits producteurs paysans indépendants contre cet envahissement. Depuis le début du xx• siècle, l'appareil d'Etat bolivien se met progressivement en place par phases successives, en grignotant les pouvoirs locaux des hacendados et en s'attaquant aux fiefs des barons de l'étain. Si ce mouvement rencontre l'adhésion de· nombreux civils, c'est l'armée, ou plutôt une fraction de cette armée qui, lorsqu'elle gouverne, est le principal agent de cette nationalisation des décisions : on le volt bien avec le socialisme mmtaire de Toro et Bus·ch, puis avec le nationalisme de Vlllaroël. Cependant il s'accélère après la révolution de 1952 qui élimine d'un coup l'oligarchie terrienne et minière et la fraction de l'armée qui la soutient, pour mettre en place une stratégie de développement économique à l'échelle nationale, un réseau d'instruction publique, une armée et une police. modernes. En conséquence, le nombre des fonctionnaires s'accroit et leur aire de pénétration s'étend jusqu'aux campagnes éloignées où les nouveaux maitres deviennent l'instituteur et le policier, agents locaux de l'Etat-classe et agents privilégiés de l'intégration nationale. Il n'y manque que le percepteur fonctionnaire, les opérations de recouvrement de l'impôt étant encore assurées au plan de la communauté par les autorités indigènes traditionnelles ou les secrétaires généraux des syndicats agraires. C'est précisément à cette rationalisation de l'impôt mis en place par le nouvel Etat prédateur, à cette main-mise de plus en plus grande sur la vie quotidienne que s'opposent les petits propriétaires paysans maintenant libres de choisir leur type et leur forme de culture sur leurs propriétés. Les· révoltes actuelles marquent donc une étape nouvelle par rapport à celles qui précédèrent 1952.L'ennemi d'alors était principalement l'hacendado (ou ses représentants locaux) que les révoltés soient des colonos, usufruitiers de la terre en échange de prestations en serviqes, ou des comuneros spoliés de leurs territoires les plus riches ; les demandes principales concernaient la libération des corvées et raccès à la propriété de la terre, ou sa récupération. On pourrait donc se demander s'il n'y a pas un ou des mo42

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