REVOLTESPAYSANNES Ces deux régions à première vue si différentes tant du point de vue géographique, ce qui induit des agricultures orientées vers des productions différentes, que du point de vue culturel, puisque le haut plateau est aymara et les vallées quechuas, présentent cependant des ressemblances qui apparaissent déterminantes pour expliquer leur particulière turbulence à l'époque contemporaine. Riches et densément peuplées, relativement proches des grands centres urbains, elles ont été convoitées et largement occupées par les hacendados qui ont progressivement refoulé les communautés indiennes sur des territoires plus exigus et moins propres à la culture. Sans vouloir entrer plus avant dans les déta1ls d'une étude qui reste à mener, 11 me semble donc que l'articulation doit être faite entre les mouvements de révolte contemporains et les luttes d'avant la réforme contre les hacendados spoliateurs. La transition des uns aux autres ne peut se réduire à une sorte de transmission héréditaire de la contestation ou à une cause structurelle comme la pression sur la terre dans des zones relativement surpeuplées. On ne peut se passer d'un inventaire, cas par cas, qui içientifleralt les ac"teurs avec précision et analyserait leurs discours. A titre d'exemple, et pour s'en tenir aux acteurs, les comunartos (5) du haut-plateau, actifs avant la Réforme Agraire, parce que jouissant d'une plus grande mob111té tactique, ne sont plus les moteurs des mouvements actuels qui mettent plus en a.va.nt des petits propriétaires, sinon enrichis - certains le sont - du moins libres de leur décision et semble-t-11 résolus à le demeurer. Donc, si globalement les mouvements ont bien lieu dans les mêmes régions, localement, ils ne mettent pas toujours en jeu les mêmes villages· et les mêmes types d'acteurs. Le sens des révoltes QUEL est le déclencheur, le catalyseur des révoltes ? Dans les deux cas il s'agit d'une décision, prise ou à prendre, qui modifie les conditions de vie matérielle des paysans ; et cette décision est prise d'en ha.ut, par le gouvernement. La première concerne l'impôt direct, la deuxième, l'augmentation des prix, est assi- (5) Le comuna.rio ou comunero est l'habitant de le. communauté paysanne. On appelle communauté le territoire paysan possédé collectivement et cultivé en partie en commun. On oppose la communauté à l'hacienda, propriété privée, néce135ltant de la maln-d'œuvre. 41
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