GASTON DAUVAL de l'armée qui, à l'occasion, a même mobilisé des troupes. Pour le poste de secrétaire exécutif l'accord entre les représentants paysans et l'armée s'est fait sur le nom d'un dirigeant qui occupe des postes de responsabilité depuis l'époque du Mouvement Nationaliste Révolutionnaire (1952-1964). Mais les postes suivants sont pourvus par des représentants du nouveau courant. Lors d'un congrès, puis d'une réunion de travail départementale qui se tient le 19 janvier, les critiques contre la politique économique du gouvernement sont très dures : les paysans insistent pour que le Président de la République leur accorde audience. Ils protestent contre la désapparition du marché d'articles comme la farine et le sucre et menacent de ne pas approvisionner en fruits et légumes les marchés de la ville de Cochabamba. C'est dans ce climat déjà tendu que le gouvernement promulgue les décrets d'augmentation des prix. Après avoir essayé les méthodes habituelles de corruption et d'intimidation des leaders, le gouvernement du Général Banzer décide l'intervention de l'armée :. la répression est féroce. Les barrages sont enfoncés avec des tanks et les militaires fauchent à la mitrailleuse les foules assemblées, tandis qu'avions et hélicoptères survolent les champs d'action. Bilan officiel : 13 morts. Mais la commission Justice et Paix compte 65 disparus dans la seule vallée haute de Cochabamba : il est donc probable que le nombre de morts dépasse la centaine. Pour prendre une mesure plus exacte des représa1lles il convient d'ajouter à ce chiffre celui des blessés, des prisonniers et de tous ceux qui sont obligés de fuir ou de se cacher. Les foyers des révoltes L'UNet l'autre mouvements éclatent dans des régions qui, depuis les années qui précédèrent -la Réforme Agraire en 1953, furent à la pointe du combat contre les hacendados; celles aussi qui, après la révolution nationaliste du 9 avril 1952 organisèrent les premiers syndicats, les milices armées les plus nombreuses et les plus actives. Une cartographie historique des soulèvements et des autres manifestations d'opposition du paysannat bolivien montrerait donc leur enracinement, au moins depuis la guerre du Chaco, dans les vallées du département de Cochabamba et principalement la vallée haute où se concentrèrent les barrages de janvier 1974, et dans toutes les provinces du département de La Paz qui bordent le lac Titicaca ou sont proches de. la vllle. 40
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