Interrogations - anno III - n. 6 - marzo 1976

Le délégué QUANT au délégué, interlocuteur privilégié de l'ouvrier, qui se repose sur lui du soin de régler tous les petits différends personnels qu'il peut avoir avec la maltrise, 11faut bien reconnaitre que son rôle, à titre bénévole, n'est pas toujours facile et lui cause plus d'ennuis que de satisfactions - morales s'entend. Pris souvent entre l'enclume et le marteau sans pouvoir toujours satisfaire les intéressés, 11est, de plus, lésé dans son travail - en général le plus mauvais, en raison de son absentéisme en réunions et délégations - et dans l'octroi de certaines primes de faveur: galon, etc. Aussi, les responsables syndicaux ont-Us des difficultés pour trouver des mllltants prêts à poser leur candidature aux élections de délégué du personnel ou de délégué syndical. D'autre part, étant le représentant d"un syndicat, le délégué usera de son influence pour en diffuser la propagande et les consignes. Ce faisant, 11se heurtera aux ouvriers et militants de tendances et syndicats opposés. Par exemple, les délégués de syndicats politisés propageant les mots d'ordre électoraux de partis de gauche rencontreront l'opposition d'ouvriers et mmtants se réclamant de l'indépendance du syndicalisme et de l'action directe ouvrière. Cet état d'esprit est, d'ailleurs, particulier au mouvement ouvrier français et nombreux sont ceux qui réagissent contre les prétentions partisanes de se substituer aux organisations syndicales dans l'action revendicative, défendant ce principe que le syndicat doit garder la pleine maitrise de la conduite, au sein de l'entreprise, d'une action qui ne saurait être du ressort d'un parti politique (6). Il découle, en tout cas, de certains abus dans l'exercice de cette fonction, que celle-ci a quelque peu perdu de sa valeur et n'est pas sans incidence sur le comportement de l'inorganisé qui, s'il fait toujours confiance à l'organisation syndicale et répond volontiers à son appel pour la défense et l'amélioration de sa condition, reste dans l'expectative et refuse de s'engager plus avant. (6) Il est remarquable, à cet égard, que les ouvriers, s'ils ne sont pas tellement passionnés par la chose syndicale, ne croient plus guère aux grands jeux de la politique. Même beaucoup de ceux qui pensaient soulager leur conscience par le geste passif consistant à déposer un bulletin dans l'urne, da.ns l'espoir d'une transformation sociale par l'accession de la gauche au pouvoir, ont été déçus et s'en sont détournés en constatant, à plusieurs reprises, que les promesses n'avaient pas dépassé la durée de la campagne électorale. 30

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