NICOLAS FAUCIER < Non aux licenciements! •· Les milliers de manifestants devaient se diriger sur la sous-préfecture, mats, avisés de la présence d'importantes forces de police, les responsables syn- · dicaux, pour éviter des bagarres préjudiciables aux objectifs poursuivis, arrêtaient le défilé place de l'Hôtel-de-vme. Là, les délégués faisaient le point sur les discussions en cours, affirmant la volonté des travailleurs associés dans un même sentiment d'autodéfense, de poursuivre la lutte pour que chacun ait le droit au travail et des conditions de vie normales. Pourtant, après la dislocation faite au son de c L'Internationale•• de nombreux métallos, bravant les consignes syndicales, se rendaient aux abords de la sous-préfecture et, se défoulant des rancœurs accumulées, bombardaient de pierres les C.R.S., tandis que ces derniers ripostaient à coups de grenades lacrymogènes et de pots fumigènes. La situation menaç•ait de s'envenimer - d'autant plus qu'un manifestant ayant voulu renvoyer une grenade offensive, celle-ci avait éclaté, lui arrachant la main droite - quand, prévenus, les responsables syndicaux, s'interposant entre les deux camps sous les échanges de pierres et de grenades, parvenaient à convaincre les manifestants de se retirer. Entre temps, l'affaire nazairienne avait pris dans le pays des proportions inquiétantes pour le gouvernement; la télévision s'en était emparée et un débat animé à « Cinq colonnes à la une~ mettant aux prises patrons et délégués ouvriers nazairiens avait sensibilisé l'opinion sur le cas des licenciés. Il devenait urgent d'intervenir. Et pour cause, car, à Saint-Nazaire, les choses restaient en l'état. Le 13 mars, comme chaque matin depuis le conflit, les responsables syndicaux se retrouvaient et décidaient de demander à leurs mandants de débrayer en fin de matinée pour assister, devant le siège de la direction, à un meeting d'information. Cet appel fut largement entendu et, à l'heure prévue, plusieurs milliers d'ouvriers étaient présents. Là, les orateurs, stigmatisant l'attitude des pouvoirs publics qui n'avaient jusqu'alors su qu'envoyer des forces de répression contre les travallleurs qui, ne pouvant se permettre l'oisiveté, réclamaient du travail, signalaient qu'ils auraient un entretien, l'après-midi, à la préfecture de Nantes, avec les représentants du ministre du Travail pour reprendre le problème au fond. Ils n'en conseillaient pas moins aux licenciés de se présenter comme d'habitude à l'embauche le matin du lundi suivant. Ce même lundi les licenciés étaient entrés sans difficulté aux Chantiers, parcourant les ateliers, bavardant avec leurs 20
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