SAINT-NAZAIRE C'est alors que s'engagea une discussion prolongée dans laquelle les délégués, mis devant le fait accompli, ne pouvaient que tenter de limiter les dégâts en s'efforçant d'obtenir le maximum de compensations pour les ouvriers en cause. Il s'agissait, en particulier, de là question de la préretraite, dont on doit préciser qu'elle était alors seulement à l'étude dans les sphères gouvernementales, cela à l'initiative des organisations syndicales, fédérales et confédérales qui en avalent préalablement étudié les modalités, considérant son adoption comme un premier Jalon posé en faveur de l'abaissement de l'âge de la retraite. En reprenant ce problème devant le patronat des Chantiers, les délégués ne perdaient pas de vue qu'elle serait la première application concrète du Fonds National de l'Emploi, qui venait d'être institué par une loi, mais dont la circulaire d'application tardait à être publiée. De là l'importance d'en discuter sans plus attendre les dispositions pratiques sur le plan local. Ils réclamaient, d'autre part, pour les préretraités comme pour les licenciés, l'ut111sation du Fonds de Garantie Sociale, créé par l'accord d'entreprise de 1956, et financé par prélèvement sur la masse salariale, c'est-à-dire sur le salaire de chaque travailleur. Ce qui était possible puisqu'il était doté de 191 millions et que le coüt des allocations prévues ne s'éléverait qu'à 46 millions. Enfin, les délégués tentaient de nouveau d'éviter les licenciements en insistant sur les possibilités de fixer l'âge de la préretraite à 61 ans au lieu de 62 ans ; ce qui aurait permis de « dégager » un nombre plus important d'ouvriers âgés et aux autres de conserver leur emploi. A cette dernière suggestion, 11fut répondu qu'il ne saurait en être question, seuls quelques cas particuliérement douloureux - ceux-là mêmes qui avaient motivé l'explosion de colère de l'après-midi - seraient réexaminés. Pour le reste, on se bornait à indiquer que des informations seraient prises avant d'en décider. Dans cette incertitude, une importante réunion intersyndicale décidait l'organisation de diverses formes d'action et d'adresser une demande d'audience au préfet de la Loire-Atlantique. Le même jour, à 15 h 30, les ouvriers des Chantiers . débrayaient unanimement. Par solidarité, ceux de Sud-Aviation et de toutes les entreprises avaient également cessé le travail. Le rassemblement se faisait sur le terre-plein de Penhoët d'où le cortège s'ébranlait précédé de banderoles : <i: Pour l'implantation d'industries nouvelles » ; « Du travail pour les Jeunes ! » ; 19
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