NICOLAS FAUCIER tions collectives. Il est vrai aussi que les métallos nazalrlens ont le sang chaud quand il s'agit de défendre le bifteck famlllal. Mais le patronat du lieu, en colportant ces propos alarmistes, oubliait sciemment qu'il avait maintes fois rendu la situation explosive par son intransigeance à satisfaire les revendications les plus légitimes, fort, 11faut le répéter, des atouts qu'il possédait de vaincre la résistance ouvrière. Seul fournisseur de travail, protégé par ses C.R.S., 11prétendait par là-même imposer ses volontés, solidement retranché à l'abri des barrières qu'il avait su dresser contre toute intrusion extérieure. Ce faisant, il ne lui déplaisait pas non plus de voir s'instaurer un certain chômage susceptible de peser sur les velléités revendicatives ouvrières. Quoi qu'il en soit de ces constatations, il va sans dire que les travailleurs, eux, n'entendaient pas se prêter passivement à ces calculs. Dès février, les représentants syndicaux avaient engagé des pourparlers, se déplaçant plusieurs fois à Paris, pour faire revenir la direction des Chantiers sur sa décision concernant le licenciement de 600 ouvriers. Cela sans succès. Ainsi, 600 familles allaient, du jour au lendemain, se trouver privées de leur unique moyen d'existence - car 11n'y a pratiquement pas de travail pour les femmes à Saint-Nazaire, sauf quelques emplois dans les magasins de la ville. Inévitablement, le « cirque ~ (terme employé par les ouvriers pour désigner les débrayages et les manifestations) allait reprendre ... Et aussi certains dépassements des actions engagées. C'est ainsi qu'à la suite d'un meeting tenu le 11 mars, où les ouvriers apprenaient par leurs délégués au comité d'établissement que les lettres de licenciement étaient prêtes à être envoyées à 246 ouvriers et que 354 autres travailleurs allaient être mis en préretraite à partir du 1er avril, quelques dizaines d'ouvriers, dont on peut imaginer l'état d'esprit de se voir ainsi jeter à la rue, pénétraient dans l'immeuble de la direction et, une fois encore, les vitres en faisaient les frais, des dossiers voltigeaient, se répandant dans la cour. La réaction patronale n'allait pas tarder. Par une note rendue publique, la direction déclarait que le renouvellement de ces incidents, rendant impossible la poursuite des activités dans de telles conditions, entrainerait la fermeture des Chantiers. On avait frisé le lock-out. En même temps, le Président-Directeur Général Pinczon, alerté, se déplaçait spécialement de Paris par avion et une entrevue avait lieu le soir même, où il réitérait devant les délégations ouvrières la nécessité de maintenir les licenciements. 18
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